« Je passe la porte du silence », murmurent les enfants à l’oreille de Véronique, en entrant l’un après l’autre dans la bibliothèque sommaire de la petite école bruxelloise où elle les accueille, un doigt sur la bouche.
Depuis la maternelle jusqu’à la fin des primaires, une heure par semaine (souvent plus, si affinités), les enfants sont invités à découvrir la magie du sanctuaire. Un monde où tout est possible : géants, magiciens, animaux qui parlent… Et où ils aiment beaucoup, manifestement, se retrouver. Une bulle de silence, en somme, une parenthèse dans une bruyante réalité. En farfouillant dans cette caverne d’Ali Baba, ils explorent une île où l’imaginaire est roi et le livre un trésor que l’on se raconte, que l’on s’échange et conseille à son copain. Mais surtout, sans en dire la fin ! Et soudain, tout est calme, on entendrait une mouche voler : sur quelques épais tapis de mousse qui recouvrent le sol et se modulent à l’envi, les enfants ont plongé entre les pages… Tout est possible, vraiment ! Le ton est donné.