Un peu de douceur et de joie, des sourires et des échanges particuliers, La vie est là révèle une humanité étonnante. Ce documentaire réalisé par Isabelle Rey met en scène la compagnie des Ponts des arts en milieu de soins : des artistes accomplis qui choisissent d'apporter l'art dans un environnement où la créativité n'est souvent pas présente. Cette ASBL, composée de six membres pluridisciplinaires, rencontre des individus et non pas la maladie. Ils ne résolvent pas leurs problèmes mais leur apporte un petit moment de bonheur, une parenthèse légère, fraîche dans leur quotidien, juste le temps d'oublier un instant où ils se trouvent...
La vie est là d'Isabelle Rey
Publié le 27/03/2018 / Catégorie: Critique
La réalisatrice, qui aborde régulièrement dans ses documentaires (Histoire de lire et Passé composé) les liens humains, la transmission et le partage, ne fait pas exception avec La vie est là. Face au patient et à l'artiste, elle s'efface et observe la magie opérée entre les deux sujets. Un lien triangulaire, intime, où la confiance et l'apaisement règnent.
Avec ce documentaire, Isabelle Rey traite, seule, sans cadreur, un sujet très peu abordé. Elle démontre que la culture est une aide thérapeutique et une nécessité en milieu de soins. La réalisatrice a préféré marquer l'intensité des images aux cadrages corrects avec des gros plans, des zooms rapides et une envie d'être au plus près du face à face. Le spectateur est alors au cœur de l'échange sans être présent dans la chambre du patient.
Ces artistes possèdent un bagage professionnel qui permet d’établir une relation avec les résidents. Ils trouvent un réel intérêt à rencontrer ces personnes et restent attentifs à leurs envies. Leur seul souhait est que les patients soient acteurs lors des animations et qu'ils s'expriment d'une manière différente. Une expérience poignante, pour le patient comme pour l’artiste, qui alimente la créativité de chacun. Pour atteindre cet objectif, Vero Vandegh, dessinatrice et peintre, travaille sur base de cartes d'inspirations. Elle laisse les patients utiliser leurs mains pour créer des œuvres d'art tels que des origamis ou des peintures. Pour Régine Galle, c’est tout le contraire ! Cette chanteuse s’inspire de son public. Son répertoire laisse aux personne âgés l’opportunité de revenir dans le passé grâce à des musiques de leur enfance. Un moment de nostalgie nécessaire où la vie est cloisonnée vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans un hôpital.
La compagnie des Ponts des arts arrive difficilement à fonctionner dans un environnement où les patients ont besoin d'elle. Ces artistes possèdent de modestes subsides, quelques aides et dons. Des petits moyens mais un apport personnel important parce que « la culture fait changer la vie ».
La mise en place de ces représentations nécessite une préparation particulière. Bien que le corps médical ne soit que très peu montré à l'écran, une relation se crée avec les artistes. Ensemble, ils se réunissent et listent les personnes qui ont besoin d'un peu de joie. Certains se laissent même entraîner par l'art et se forme au métier de chanteur. Ensuite, les artistes se retrouvent pour questionner les besoins des patients et de leurs entourages. Chacun amène sa propre technique pour faire réagir les patients.
Aurélie Bronckaers
