Le documentaire Immersion s’intéresse à une problématique actuelle primordiale et bien trop peu évoquée : comment les jeunes venant d’un autre pays et ne parlant pas français parviennent à s’adapter dans notre système scolaire ? Le film nous fait découvrir un type d’enseignement qui a été conçu pour les aider, le « FLE » (Français langue étrangère). Les professeurs ayant été formés à ce système sont qualifiés pour apprendre notre langue aux étudiants étrangers et à les aider à s’acclimater dans leur nouvel environnement.
Immersion de Katia Kissina et Marie-Ange Veyckemans
C’est à l’Institut Cardinal Mercier de Schaerbeek que les réalisatrices Katia Kissina et Marie-Ange Veyckemans nous emmènent.
Nous allons d’abord rencontrer les élèves concernés lors d’interviews dans lesquelles ils vont nous ouvrir leurs cœurs. Les différents témoignages que nous entendons sont superbes et poignants, ils attirent notre attention sur un sujet bien trop méconnu.
Le défi que ces jeunes doivent relever au quotidien est terriblement compliqué. Il leur a fallu s’adapter à un nouvel univers, avec des codes qu’ils ne connaissaient pas encore, mais aussi apprendre et étudier dans une langue qui leur était étrangère. Il leur a fallu presque tout rebâtir de zéro.
On ne réalise pas que notre façon d’enseigner diffère de celles d’autres contrées. Le témoignage de ce jeune syrien est frappant, il nous raconte qu’ils ne révisaient pas les mathématiques dans son établissement, lors de son arrivée ici, l’une des épreuves les plus difficiles est qu’il a dû assimiler une matière complexe et avancée dont il n’avait pas les simples bases.
L’adaptation, c’est aussi être confronté aux autres, comment ces étudiants ont pu communiquer avec leurs camarades francophones sans avoir peur ?
Pour certains, le fait de faire des fautes est très intimidant et supporter les moqueries des autres élèves est très douloureux. Néanmoins, comme le souligne une des filles interviewées, afin de progresser efficacement dans la connaissance de la langue et se construire une vie sociale, il leur a fallu faire preuve de beaucoup de courage en osant venir vers les francophones sans craindre de faire quelques erreurs.
Ils ont dû également faire face à des échecs et s’en relever. Le témoignage de cette jeune élève en pleurs, car elle se souvenait quand elle a doublé, est bouleversant. On se rend compte de toutes les épreuves qu’elle a traversées.
Ces interviews sont puissantes et touchantes, on fait la connaissance d’étudiants remarquables et courageux, qui se battent tous les jours pour progresser et réussir.
Le documentaire donne également la parole aux enseignants chargés de prendre ces étudiants en charge.
Ils nous expliquent comment ils s’adaptent à chaque élève. Ils doivent revenir aux bases afin que ceux-ci ne soient pas perdus. Ils savent qu’il y a des codes que nous utilisons régulièrement dont ils ne sont pas familiers, alors ils doivent faire en sorte d’utiliser un vocabulaire adéquat qui sera compris par eux, afin de ne pas créer de confusion ou de malentendu.
Ils veulent favoriser l’entraide entre les étudiants, c’est le fait de les faire travailler en groupe qui les aide considérablement à faire des progrès.
Un professeur souligne qu’avoir des élèves FLE dans une classe demande de faire des sacrifices, il y aura des ralentissements dans le programme et tout ne pourra pas être vu, car l’apprentissage est plus long pour eux.
Cependant, ce sacrifice est nécessaire, car avoir des étudiants étrangers est une grande richesse. Cela permet la découverte d’autres cultures pour les élèves, qui sont éduqués à respecter leurs prochains et ceux qui sont différents. Les enseignants ont l’opportunité de sortir de leur zone de confort en exerçant une nouvelle manière de donner cours.
Les efforts des élèves et des professeurs payent régulièrement, en effet, certains jeunes qui ne parlaient pas français au départ s’en sortent avec de magnifiques résultats à la sortie.
Jules de Foestraets