Avant d'être assassiné, Floribert Chebeya a été l'homme-orchestre des défenseurs des droits de l'homme et de la société civile de la RDC (République démocratique du Congo). Celui-ci, liquidé, le pouvoir espère passer paisiblement les festivités consacrées au cinquantenaire de l'indépendance du pays. Ce meurtre prémédité et camouflé par la mise en scène d'un accident cardiaque lors d'un acte sexuel adultérin a provoqué un choc dans l'ensemble de la société congolaise. Une erreur politique qui va obliger le pouvoir à faire tomber des têtes, ne fut-ce que pour sauver celle de John Numbi, Secrétaire général de la police qui est, sans doute, le responsable du guet-apens dont Chebeya a été la victime. Un procès s'entame, filmé par Thierry Michel, devenant, mois après mois, une affaire qui dévoile peu à peu une partie de la vérité.
L'Affaire Chebeya, un crime d'état de Thierry Michel
Même si les accusés, pendant les huit mois de la durée de ce procès, diront n'avoir rien vu, rien entendu et qu'il n'y a aucune preuve pour prouver le contraire, sauf en ce qui concerne les fiches sur l'heure des coups de téléphone portable qui trahissent tout le monde. Le général Numbi, quant à lui, n'est pas accusé, c'est un témoin qui ne sait pas grand-chose, sinon rien. Tout semble s'être fait à son insu et contre son gré.
Mené par la cour militaire contre la police, le processus se veut exemplaire. Pourvu que les apparences, vis-à-vis du pouvoir en place, soient sauves, même s’il y a des moments d'un humour involontaire, digne d'une série télévisée. Contre toute attente, Daniel Mukalay, inspecteur principal de la police (l'un des cinq accusés) répond au Président du tribunal et lui dit que l'armée raconte une fiction à la population congolaise qui suit le procès dans la salle et à la télévision. En somme qu'il n'est pas le seul à pratiquer un storytelling. Le souci consiste à savoir quel est le scénario (armée ou police) qui convient le mieux au pouvoir en place. Tout est dit. Un documentaire saisissant.