« Au coeur des ténèbres »
Véritable film de guerre survivaliste, La miséricorde de la jungle plonge dans la forêt tropicale, au nord de la République Démocratique du Congo dans la région du Kivu, où la guerre n’a pas cessée de faire rage depuis le génocide rwandais de 1994. Zone de refuge pour les Tutsis menacés dans leur pays, cette région extrêmement riche en minerais, frontalière aussi de l’Ouganda et du Burundi, est depuis plus de vingt ans maintenant à feu et à sang. Objet de toutes les convoitises, elle est déchirée entre les différentes armées et autres groupes rebelles qui rivalisent pour faire main basse sur « les minerais de sang ». Mais il ne faudrait pas aller voir ce deuxième long métrage en espérant avoir un éclairage sur les tenants et les aboutissants inextricables de ces conflits. Ce n’est pas le propos du jeune réalisateur rwandais Joël Karekezi, et c’est tant mieux. La biennale du Fespaco, lui a attribué l’étalon d’or, récompense suprême, et le comédien belgo-congolais, Marc Zinga, y a reçu le prix d’interprétation masculine. Produit majoritairement par les belges de Néon Rouge, La miséricorde de la jungle, première fiction réalisée sur la guerre du Kivu par un Rwandais, est une belle réussite, un film de genre puissant, hypnotique parfois, à d’autres moments poignant.