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La musique de Soline d’Aurélie Maestre Vicario

Publié le 15/07/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Le documentaire intime d’Aurélie Maestre Vicario est un interlude dans la partition d’une vie. La jeune réalisatrice nous conduit dans le quotidien et l’intimité d’une mère et de sa fille qui perd progressivement l’usage de son corps.

La musique de Soline d’Aurélie Maestre Vicario

Le temps de plusieurs notes jouées au piano par Soline, la sœur de la réalisatrice, le film rend compte des interrogations multiples auxquelles on se heurte lorsqu’il s’agit d’un handicap moteur. Aurélie Maestre Vicario filme la relation tumultueuse entre sa mère et sa sœur. Une relation habitée par des dépendances de l’une envers l’autre, des espoirs, des envies d’évasion. En s’attardant sur les détails du quotidien, la réalisatrice consigne les échanges entre les deux femmes et parvient, par une caméra qui s’efface progressivement, passive et observatrice, à faire surgir une émotion dans le banal. Les moments de partage des deux femmes deviennent dès lors précieux, comme s’ils étaient les derniers. La réalisatrice s’inscrit dans le film en marquant ses échanges avec sa sœur, la rassurant parfois, lui témoignant son amour en la filmant avec douceur. Le récit, quant à lui, dévoile les difficultés liées à la maladie, principalement sous le signe de la dépendance à l’autre, mais il révèle surtout les moments de liberté, ceux dans lesquels Soline parvient à s’exprimer sur la relation avec sa mère lors des cours de théâtre. Les mots de Soline prennent alors une place essentielle, résonnant et juxtaposant même la séquence dans laquelle sa mère, Agnès, joue du piano. Le film nous fait basculer dans plusieurs émotions et dépeint les frustrations de part et d’autre, mais toujours avec un amour inconditionnel qui balaie la tristesse parsemée ici et là. 

Aurélie Maestre Vicario signe un film intime et personnel qui soulève des questions de la difficulté de prendre soin et des conséquences sur la vie des proches. Ponctué par des rires, passant des pleurs aux espoirs, le film s’immisce dans un intervalle, entre la perte motrice où rien ne demeure moins sûr que le corps et l’amour d’une mère envers sa fille.

 

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