En compétition au festival d’Annecy 2022, la Passante de Hannah Letaïf marque le cinquième film de la réalisatrice, et sans doute le plus impressionnant. Passée maîtresse dans l’art du court-métrage d’animation, elle livre ici une errance étrange dans la journée de ce personnage sans nom, qui lui ressemble à plus d’un titre.
La Passante de Hannah Letaïf
Publié le 06/07/2022 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique
Dès les premières secondes, le style graphique saccadé et parcouru de lignes et d’angles happe le spectateur. À celui-ci s’oppose les courbes et les couleurs d’une entité contrastant avec la protagoniste, que cette dernière va poursuivre tant bien que mal à travers différentes dimensions, différents univers. À chacun son style, son ambiance et sa technique d’animation, nous plongeant dans toute l’étendue du talent de la cinéaste et de son équipe. En se jouant des codes, elle passe tour à tour d’une animation traditionnelle à la stop-motion, d’une réalité à l’autre, autant dans l’univers du film que dans le nôtre. En résulte une véritable odyssée dans le cinéma d’animation, où des influences de Raoul Servais croisent celles de Bill Plympton et des maîtres de la stop motion comme Jan Svankmajer. Ces différents univers sont servis par une musique originale de Falter Bramnk, et une ambiance sonore fignolée par le duo Christian Cartier – Martin Delzescaux, tandis que la réalisatrice n’hésite pas à se mettre en scène et devenir elle-même œuvre de cinéma. Tour à tour spectatrice ou tortionnaire de son personnage, elle assume pleinement sa position de démiurge, créatrice autant que destructrice de son univers. Un réel moment de bonheur pour tout animateur et aficionado du médium, et une belle découverte de ce que peut être le cinéma d’animation pour les néophytes.
