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A la rencontre d'étudiants cinéphiles de l'ULB

Publié le 15/12/2011 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Entrevue

Le court métrage est tendance sur Internet. Notre site propose des webs-films-vidéos originaux. Les trois films que nous vous présentons ont été réalisés par les étudiants en Master cinéma à Paris 1 Panthéon/Sorbonne 1, autour d'un thème précis : Le Musée du Louvre. Cette belle idée organisée et dirigée par Frédéric Sojcher à Paris est très intéressante. Sur les sept films que nous avons pu découvrir grâce à lui, nous en avons choisi trois :

1 Tout n'est pas perdu de Géraldine Conte  -  voir le film 

2 Musée propre, musée sale d'Elodie André - voir le film

3 Regard d'aveugle de Sonia Ben Shoma  -  voir le film

Que ces films aient eu, comme fil rouge, la vie quotidienne en dehors des marges du spectacle, nous a particulièrement revigoré. Parmi les autres films très intéressants, citons celui sur les mécènes autour d'un texte de Jean Le Rond d'Alembert, et un superbe film réalisé par une jeune Iranienne. Dans ce même esprit d'implication d'étudiants, nous avons rencontré deux étudiants de l'ULB, Martin Hullebroeck, en section philosophie et Edith Mahieux, en Master de la section Elicit. Ils espèrent que, dans l'avenir, les liens vont se développer entre nos prestigieuses écoles de cinéma et l'université, qui remplit une mission plus théorique.

L'exemple français permettra-t-il d'accélérer les choses ? Nous l'espérons.

Entretien sur le parcours du septième art à l'Université Libre de Bruxelles. Deux étudiants de l'ULB répondent à nos questions sur le cinéma et sa pratique à l'université.
Edith Mahieux

illustration de Jean-Michel VlaeminckxÀ L'ULB, on a la chance de disposer d'une Médiathèque, juste à côté de la Bibliothèque. On a, à portée de main, un grand fond de DVD et de CD. Un endroit très agréable. On peut se rencontrer et découvrir ce que les autres étudiants prennent. Puis, il y a aussi une vidéothèque dans les sous-sols de la bibliothèque avec des films de fiction et des documentaires très intéressants, des films muets et des films rares. Le seul souci est qu’il faut les regarder sur de petits écrans sous de grands néons allumés sans cesse.
L'association Cinéphage organise chaque semaine des projections dans un amphithéâtre de l’unif, mais tous les étudiants n'y ont pas accès puisque les projections peuvent avoir lieu pendant les cours.

Martin Hullebroeck
Il faut y ajouter les nombreux colloques.
Le problème, est que nous n'avons pas une salle aménagée pour de vraies séances. Cinéphage se fait dans un amphithéâtre banal. Il y a les salles en ville, mais peu, comme l'Arenberg-Galerie qui va bientôt fermer. L'Arenberg était un lieu unique. Ce qui va le remplacer n'est pas, à mon sens, un projet culturel. Il veut l'être pour un certain public, mais celui-ci va le boycotter parce que l'offre sera insuffisante, et dénaturée. Tout le projet social et culturel d'éducation permanente va disparaître. Je n'ai toujours pas compris comment on avait pu laisser faire ça. Les disputes d'ego sont scandaleuses lorsqu'on parle de la culture en général. En Flandre, il y a une association qui fait un travail comparable à celui de l'Arenberg. En Wallonie, hormis les Grignoux à Liège, il n'y aura plus rien. L'Arenberg avait une position centrale pour l'éducation permanente au cinéma. On ne brade pas la culture pour de purs projets commerciaux. On sait que le cinéma coûte de l'argent, mais cela n'empêche que la culture doit rester accessible à tous.
Certes, nous avons accès à pleins de films sur Internet. Tant mieux. Mais pourquoi ne pas avoir accès à des films plus intéressants que les films de distraction ?
C'est d'ailleurs le sujet de La destruction d'une certaine idée de la culture, la carte blanche que j'ai signée avec Bryan Schatteman, le président du cercle de Philosophie. Nous étions tous les deux à une soirée de soutien à l'Arenberg, et nous avons été scandalisés par le manque d'intérêt que semblait susciter la cause de l'Arenberg qui était un haut lieu culturel dans Bruxelles.

Edith Mahieux
Par ailleurs, à Bruxelles, nous avons une Cinematek très intéressante. Dans la section Elicit, nous avons la chance d'avoir des tarifs réduits. Cela pourrait être accessible à d'autres étudiants.
En Master cinéma d'ELICIT, on a la chance de pouvoir apprendre la théorie du cinéma, et on a aussi de grands praticiens qui viennent nous donner des cours, comme Les frères Dardenne, Dominique Loreau, au montage, Anne-Lévy Morelle, Olivier Hespel, un ingénieur de son important. Par contre, hormis le scénario qui peut nous servir de mémoire, le côté pratique n'est pas très développé. Ce n'est pas comme à Paris 1 Sorbonne où l’on réalise des courts métrages avec Frédéric Sojcher. L'ULB manque de moyens pour s'offrir du matériel. Mais ce que nous pourrions faire, à la Chris Marker, ce serait de nous servir d'appareils photos. Ceci étant, c'est aux étudiants de le vouloir. Les théories sont à l'Université, un lieu de sciences et de savoir. Aux étudiants d'avoir ce genre d'initiatives.

Martin Hullebroeck
On pourrait imaginer ce qui existe pour les bacheliers avant le Master. L'Université offre des études théoriques. C'est son rôle de privilégier l'écriture cinématographique et l'analyse. Ne mélangeons pas les genres. Par contre, il serait intéressant d'offrir aux étudiants des modules, valorisés dans nos diplômes de fin d'études. Dans ce cadre-là, nous pourrions établir des liens vers les étudiants qui sont formés dans des écoles de cinéma à Bruxelles. Je trouverais ça génial, et je m'y inscrirais tout de suite. Cela nous permettrait d'apprendre les contraintes des diverses professions qui gravitent autour du cinéma.

Edith Mahieux
Peut-être aussi un forum d'anciens étudiants qui sont dans la profession. Pour l'instant, on se sert beaucoup du site Cinergie pour repérer les endroits des tournages, être figurant ou ne fut-ce que d'amener, comme stagiaire, les tasses de café à l'équipe qui filme. (rires)

Martin Hullebroeck
L'idée de montrer un film aux étudiants – comme l'ont fait Pierre Verstraeten dans les années 70 ou comme Stanley Cavell à l'Université de Harvard aux Etats-Unis – en même temps que leurs cours de philosophie est intéressante. Lorsque je vois un film, je le découvre comme un lecteur qui déchiffre la philosophie. Souvent, on se casse la tête pour comprendre un auteur, l'analyser et on découvre plein de choses que, consciemment, il n'avait pas placé dans son livre. Avec le cinéma, on peut faire la même chose. Il y a plein de films qui font des liens avec la philosophie. D'ailleurs, on fait ça dans le secondaire.
En même temps, cela permettrait d'attacher les étudiants d'autres Facultés à la Philosophie.

Edith Mahieux

Ce qui est intéressant, ce sont les connexions. En parlant du rapport entre la philo et le cinéma. Le Master Elicit se trouve dans la Faculté de philo et lettres. Le cinéma pourrait créer des passerelles entre les différents Master de Philo-lettres et les différents bacheliers.

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