Cinergie.be

Mister Engel, A Sexonomic Miracle de Peter Woditsch & Sophie Simon

Publié le 25/04/2025 par Gauthier Godfirnon / Catégorie: Critique

Dans Mister Engel, A Sexonomic Miracle, nous faisons la rencontre de Dieter Engel, un légendaire propriétaire de maisons closes, ayant révolutionné les mentalités par rapport à la prostitution en Allemagne et transformé la vision sur l’érotisme.

Mister Engel, A Sexonomic Miracle de Peter Woditsch & Sophie Simon

Totalement démuni après la Seconde Guerre mondiale, il a ensuite réussi à établir un sauna érotique puis deux maisons closes à Cologne et à Francfort. À cette période, une célébration neuve de la sexualité prenait toute son importance pour donner un nouvel élan à une société misérable. En combattant les forces de l’ordre réactionnaires et n’ayant jamais cherché à tirer avantage de ses travailleuses du sexe, le brave homme s’est évertué à fournir un cadre plaisant et sécurisé à cette profession, généralement perçue comme dangereuse et hors-la-loi. Les femmes travaillant dans ses établissements gardaient une majeure partie de l’argent gagné, les proxénètes y étant interdits.

Leur santé sexuelle était également garantie et elles pouvaient décrocher des contrats flexibles, très utiles pour les étudiantes. La maison close de Sudfass est ainsi devenue un lieu iconique de la culture francfortoise. Grâce à la popularité de son entreprise, Dieter est aussi devenu mécène et a permis à des écrivains de développer leur art. Dans le documentaire, des travailleuses du sexe et une journaliste spécialisée en la matière sont aussi interviewées pour dénoncer les préjugés liés au métier et la cruauté du monde s’abattant sur ce métier. Avec humour et véhémence, nous sommes confronté·e·s à la dureté et l’absurdité de cette réalité. Les clients se perçoivent trop souvent comme des rois tout-puissants, considérant que les travailleuses du sexe doivent se plier à tous leurs désirs. Et toute leur identité ne devrait pas non plus être réduite à leur métier à justifier en permanence.

Non, leur corps n’est pas un objet et elles ne le vendent guère, elles le prêtent selon leurs propres termes. Les travailleuses du sexe font aussi preuve d’un certain don de soi en offrant une illusion crédible faite d’amour, de plaisir à des âmes solitaires. Elles nous révèlent aussi toute leur expertise en matière d’imaginaire sexuel. Maintenant en fin de vie, Dieter réalise son rêve d’ouvrir un musée avec toute sa collection d’œuvres d’art accumulées pendant cinquante ans. Nous découvrons ainsi ses pièces loufoques, hautes en couleur, en tout genre, symbole de toute cette libération qu’il a entrainé.

Tout à propos de: