Le temps d'une soirée en loges au Cabaret Mademoiselle, le réalisateur Hippolyte Leibovici réunit une famille de drag queens bruxelloises pour s’immiscer au cœur des heurts et des malheurs qui composent leur vie. Un portrait documentaire sur quatre générations de queens.
Le film met en place un dispositif filmique aux apparences simples, mais qui est cependant brillamment chorégraphié. Les images cristallisent les transformations, les traits masculins disparaissent sous le maquillage. Par des jeux de miroirs subtils, l’effacement de la caméra laisse place aux mots. Les gestes, les conversations en coulisses, presque en catimini, dévoilent des blessures intimes. Comme une sorte de thérapie heureuse avec des dialogues drôles et désaccordés, la caméra passe de visage en visage et témoigne de sujets difficiles : le coming out, le drag out, et l’amour maternel sans cesse évoqué face aux changements, les déceptions de ne pas être ce qu’elles auraient aimé qu’ils soient, le regard des autres.
Le récit documentaire s’attache à montrer, autour de la figure de la célèbre Maman, des histoires similaires tout en étant profondément différentes. Les portraits de Loulou Velvet, Kimi Amen et Mademoiselle Boop sont bouleversants de beauté. Hippolyte Leibovici les filme en représentation, quittant leur loge esseulée pour se montrer au monde, fièrement, dans un exercice d’esthétisation du corps, comme des tableaux en mouvement, avant de se retrouver autour d’une reconstitution moderne de la dernière cène. Il offre une parole nécessaire, force l’écoute des témoignages d’une communauté trop invisibilisée.
En compétition au BSFF :https://bsff.be/programme/edition-2020/competition-nationale/
