Après le désert de Si le vent soulève les sables, l'océan de Noir Océan.
Depuis Tchernobyl et Fukushima, nous avons appris la toute puissance de l'atome. Mais comment est née cette industrie qui, depuis le début des années 1970, s'est répandue dans le monde et particulièrement en France ? L'origine est militaire, comme aux Etats-Unis, il s'agit de posséder la bombe de l'arme nucléaire. La fascination du Big Bang primitif, disent certains. Pour la France, après le désert algérien, les essais se déplacent à Mururoa, au cœur de l'Océan Pacifique, dans le décor somptueux de la Polynésie. Pour Marion Hänsel, la réalisatrice de Noir Océan, l'explosion nucléaire va avoir lieu, mais n'a pas encore eu lieu. On est au cœur d'une attente, dans un navire de guerre de la marine française, juste avant que l'explosion ne se déchaîne dans la zone en ayant des retombées sur les populations locales, pour le moins éberluées (le fait sera présenté dans la presse de l'époque comme un spectacle aussi prestigieux qu'un mariage royal).
Pour Noir Océan, Marion Hänsel a adapté deux nouvelles qu'elle a rassemblées en un seul récit, de l'écrivain français Hubert Mingarelli. Si l'essai nucléaire est donc une menace qui va se déclencher tôt ou tard. La réalisatrice s'intéresse surtout au rite de passage, à la tension de l'entre-deux, à ce mal insidieux qui précède l'explosion atomique. Avec l'équipage du « Sirocco », en manœuvre dans l'Océan Pacifique, on sillonne la mer autour de trois jeunes appelés du contingent de la marine. Mais surtout, on fend les flots avec l'un d'entre eux qui passe de l'enfance à l'âge adulte. En effet, Massina s'est engagé dans la marine pour fuir une post-adolescence qui naviguait entre l'échec scolaire et l'ennui issu du peu de perspectives qu'offrait l'époque (on se souvient que François Truffaut s'est engagé dans l'armée française pour les mêmes raisons sauf qu'André Bazin, créateur des Cahiers du Cinéma, réussit à l'en faire sortir).
