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Novembre de Camille de Leu

Publié le 19/08/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Entre fiction et film de famille, la réalisatrice de Novembre parvient à dresser le portrait intime de Jules, un jeune homme en perdition vivant une crise de l’ordinaire dans laquelle plus rien ne semble avoir de sens. Alors que Jules a rendez-vous pour un dîner de famille, il arrive en retard et se souvient de ses errances nocturnes et alcoolisées, des mots et des voix, des images, de son enfance.

Le film démarre d’emblée sur le protagoniste errant dans la nuit trouble de la ville, ne sachant pas où aller, ne reconnaissant pas ce qui l’entoure.

Une déambulation peuplée de cauchemars qui l’emmène sur des traverses de pulsions de mort, vertigineuses, sur un pont. Très vite, la réalisatrice pose l’arène de son film, entre les images du présent et celles du passé, entre les souvenirs et ce qu’il est devenu, dont les questionnements ne peuvent qu’être existentiels. Les images se juxtaposent, se confondent, entre passé et présent, pour tenter d’entrer dans la psyché du protagoniste qui entend une voix qui le somme de demander de l’aide. Camille de Leu explore en profondeur les conflits internes de son protagoniste afin de retrouver la source dans son enfance, mise en scène par des films de famille.

La caméra colle à la peau du protagoniste, le scrute sous toutes ses coutures, comme si elle désirait voir à l’intérieur et faire sortir la noirceur, le mal-être de Jules. Nous le suivons dans la fantasmagorie de la ville, esseulé, aux confins de ses souvenirs qui refont surface. La réalisatrice propose un film à la jonction entre le road movie, le récit de ville et le trip hallucinatoire et parvient finalement à faire émerger deux portraits en miroir, celui de Jules et celui d’une société enlisée dans les dérives du progrès.

Elle inscrit un geste critique à travers la confrontation au réel du protagoniste qui, depuis soi, se refuse à faire partie de ce monde-là, à l’image de ce couple qui parle d’enfants dès le premier soir, l’hypocrisie d’une invitation bourgeoise. Un portrait où Jules se bat contre lui-même cherchant des réponses dans les images de ses souvenirs et de la ville.

 

En compétition au BSFF :https://bsff.be/programme/edition-2020/competition-nationale/

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