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Of Cats and Woman de Jonas Govaerts - BIFFF 2008

Publié le 01/05/2008 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Critique

Curiosity killed the cat

Dans une compétition belge faiblarde, dominée de la tête et des épaules par l'impeccable Deux Sœurs, d'Emmanuel Jespers, on notait aussi le violent uppercut au plexus de Of Cats and Women.  Le réalisateur Jonas Govaerts n'est pas un inconnu du landernau cinématographique flamand qu'il avait déjà secoué en 2005 avec son film de fin d'études Forever (mi-fiction, mi-animation, prix Joseph Plateau du court-métrage). Il frappe fort ici encore en s'attaquant à un drame de la jalousie et de l'addiction amoureuse que n'aurait sans doute pas désavoué Olivier Masset-Depasse.

Adapté d'une  courte nouvelle de Laura Hird, c'est un plongeon dans la folie d'une amante éconduite dont la passion vengeresse prend une forme particulièrement sanglante, s'exerçant non aux dépens de l'amant infidèle et de sa nouvelle complice, mais de leur pauvre matou (amis des chats s’abstenir). Pour évoquer le mental en décomposition d’une névrosée, Jonas Govaerts a 12 minutes et une formidable interprète : Marijke Pinoy. Il faut la voir, dans son imperméable mastic, espionnant le couple qu'elle harcèle de coups de téléphone muets et vindicatifs, raptant le pauvre poupousse qui comprendra trop tard que la gourmandise est un vilain défaut. Et dans son appartement vide, errant dans une lumière glauque, les cheveux emmêlés, le regard torve, la bouche tordue par un rictus dément, à moitié enveloppée dans un déshabillé de soie dégouttant de sang.  Avec, en point d'orgue, le massacre accentué jusqu'à la nausée du persan blanc dont elle fera littéralement du kip kap (comme on dit à Bruxelles).

Ce peu ragoûtant carnage a rendu le film insupportable à de nombreux spectateurs félinophiles ou, simplement, sensibles. De façon plus analytique, et malgré ses qualités (son interprète déjà évoquée, son traitement de l'image, sa musique où se mêlent Das Pop et le groupe de Govaerts lui-même, The Hickey Underworld…) on reprochera au film un scénario élémentaire, un traitement trop démonstratif au détriment des émotions et des sentiments, et l'impression qu'à trop vouloir percuter, le réalisateur finit par passer à côté de son sujet. Dommage. Le film a néanmoins été choisi par le BIFF pour la finale du Méliès d'or du meilleur court-métrage fantastique européen.

BIFF - Court-métrage – Compétition Belge

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