Dans la lignée thématique de son documentaire Après le silence, le réalisateur Sonam Larcin s’invite sur le terrain de la fiction avec son nouveau film On my Way qui relate la rencontre entre Djibril, un migrant ougandais, et Marco, un employé dans une station-service qui partage une relation secrète avec un autre homme.
On my Way de Sonam Larcin
Les lueurs intimidantes de la nuit dessinent une silhouette que l’on perd aussitôt dans l’obscurité. La voix de Djibril marque l’incertitude la plus totale. Après quelques errances, il trouve refuge dans l’arrière-boutique d’une station-service mais se retrouve déloger aussitôt avec bienveillance et sollicitude par Marco qui l’héberge pour la nuit. Le temps d’une nuit, cette rencontre inattendue va bouleverser les certitudes de la relation secrète qu’entretient Marco avec un homme du village.
En quelques plans seulement, le réalisateur parvient à rendre toute la complexité de son récit. En s’appuyant sur le témoignage de Djibril, qui fuit son pays pour les répressions à l’encontre des homosexuels, Sonam tisse des liens entre l’impossibilité du migrant à exprimer son amour et la relation secrète entre Marco et l’autre homme qui n’assume pas sa relation, par peur. Cette construction en miroir évoque un hors champ terrible et violent pour l’un, et une profonde souffrance intérieure chez l’autre. Toute la tension est maintenue avec intelligence, lui permettant de fissurer les non-dits, de laisser exploser la douleur de ne pouvoir s’assumer tel qu’il est. On retrouve par ailleurs une esthétique tranchée déjà présente dans son documentaire où la nuit est le lieu privilégié de la confidence, de l’acceptation.
Subtilement, il arrive aussi à jouer sur la frontière linguistique, comme une frontière supplémentaire que Djibril doit surmonter lorsqu’il s’exprime. Le réalisateur intègre également deux citations directes, par les affiches de Magnolia et Free Fall, qui inscrivent son film dans cette filiation thématique et politique. Finalement, le film On My Way propose un regard sensible sur des personnages aux destins tragiques qui s’entrecroisent, se bousculent, s’entrechoquent pour faire émerger des blessures, des amours impossibles d’après-minuit.
En compétition au BSFF :https://bsff.be/programme/edition-2020/competition-nationale/