Un certain art du portrait
En 1987, Jean-Noël Gobron réalisait Portrait de mon père aquarelliste, film documentaire attachant et sensible où il interrogeait avec bonheur la démarche de peintre de son père. Il nous rendait proche un univers pictural fait de passion et d’intelligence et réussissait un portrait singulier en conjuguant les aquarelles et les courts récits autobiographiques de son père comme une seule et même parole.
C’est au détour d’un récit paternel, dans le creux charnel d’un tableau, que surgissait la figure de la mère, personnage énigmatique et comme légèrement effacé mais qui laissait entrevoir une zone d’ombre amoureuse, intrigante et peu commune. Il y avait là comme un mouvement d’aspiration, un appel sur lequel le film de Jean Noël Gobron glissait pour mieux se recentrer sur sa relation de père à fils. Et pourtant cette présence féminine travaillait presque souterrainement la progression du film et demandait par son silence palpable qu’on y revienne, qu’on s’y arrête. Vingt ans plus tard, c’est chose faite.