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Pulsar d'Alex Stockman

Publié le 02/11/2011 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Sortie DVD
Pulsar d'Alex Stockman

« Alex Stockman a toujours un univers qui lui est propre, plein de poésie, de regard lent et profond et je crois qu'il a réussi à faire un film d'auteur », nous écrivait Michel Baudour, l'un de nos grands chefs opérateurs. Pulsar, second long métrage d'Alex Stockman après Le Pressentiment, s'amuse beaucoup avec le jeu des réseaux informatiques. Contact vrai ou faux contact ? Virtuel ou réel ? C'est que la relation amoureuse entre Mireille et Sam, elle à New York, lui à Bruxelles, vacille. Contact brouillé. Comment renouer un fil qui n'est pas que spatial, mais aussi dans la durée d'un temps qui défie l'instantané ? Quelle stratégie adopter pour éviter de devenir paranoïaque ? Devenir schizophrène ? Changer d'ordinateur, brouiller son appartement contre diverses fuites possibles : un voisin ou un ennemi fantomatique ? Et si l'écriture, au lieu d'être le passé, était propice à être ré-intégrer dans notre avenir ? C'est dire si Pulsar parle de notre époque et même de notre présent… D'autant que le monde ne se réduit pas à la mythologie des partisans de l'immédiat, (du bref-bref et de la toute puissance de la vitesse) qui met sous cloche la mémoire. Il y a une autre partie du monde, en Asie, en Afrique, dans la zone pacifique, qui le déchiffre à travers les saisons qui se déroulent pendant une année.
Pulsar, c'est aussi Sam et Mireille. Une histoire d'amour amer ? Rassurez-vous. Le film n'est pas l'illustration de la phrase bien connue de Jacques Lacan : « L'amour c'est donner à quelqu'un ce qu'on n’a pas à quelqu'un qui n'en veut pas ». La relation amoureuse n'est-elle possible qu'à travers des images et lorsqu'elles disparaissent devient-t-on fou ou seulement délirant ?
Après un parcours fondé sur la pérennité du noir et blanc, et de ses variations panchromatiques, Alex Stockman passe à la couleur avec Pulsar (après un essai dans un court métrage qu'on nous offre en bonus, dans ce DVD), mais tendance chromatique. Plutôt du côté Fujicolor (les nuances) que Eastman/Kodak (le contraste des couleurs primaires). Autrement dit, comme l'explique le réalisateur du film : «Je m'inspire de Jacques Tati dont la devise était, trop de couleurs distraient les spectateurs».
Alex Stockman travaille autant la bande-son que le cadre qui lui permet de choisir ses plans. Au niveau de la musique, votre oreille pourra entendre aussi bien Paul Simon que Brinda Lee, en passant par Jean-Sébastien Bach interprété par les frères Kuijken, sur instruments anciens.

Le bonus donc, Eva reste au placard ou Les nuits de pleine lune, court métrage en couleurs de 29 minutes, a été présenté au Festival de Venise. Le film est inspiré d’un récit d'Ivan Alvarez. Michel souffre d'un handicap moteur et se console avec sa poupée gonflable. Les nuits de pleine lune, chaque mois, il redevient semblable aux autres et a rendez-vous avec une femme réelle, son grand amour.

Entretien avec le réalisateur et Mathias Schoenaerts.

Pulsar, Love, Paranoïa and radio Waves, d'Alex Stockman, édité et diffusé par Imagine film.

 

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