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Rencontre avec Pascal Hologne & Anne-Françoise Reynders, fondateur et coordinatrice de la nouvelle Agence Belge du Court-Métrage.

Publié le 12/10/2016 par David Hainaut / Catégorie: Entrevue

Enfin, l'Agence Belge du Court-Métrage est née !

Qu'il constitue la rampe de lancement idéale pour de jeunes cinéastes, ou encore, l'incontournable tremplin vers le long-métrage pour d'autres, le court-métrage semble ne s'être jamais aussi bien porté chez nous : sa production a carrément doublé en dix ans !
Dans cette optique, il était donc nécessaire que la Belgique se dote, comme la plupart de ses voisins européens, d'une structure nationale, destinée à mieux encadrer, soutenir et fédérer les acteurs autour de ce genre spécifique, mais ô combien important.
Rencontre avec le fondateur de cette Agence Belge du Court-Métrage fraîchement créée, Pascal Hologne, par ailleurs directeur du Brussels Short Film Festival (lancé en 1998, c'est l'un des cinq plus gros festivals du genre en Europe) et du BE Film Festival (né en 2005), et sa coordinatrice, Anne-Françoise Reynders, transfuge du FIFF, où elle a dirigé la communication durant une décennie.

Cinergie : Il aura donc fallu attendre 2016 pour que naisse l'Agence Belge du Court-Métrage. Pourquoi aujourd'hui?
Pascal holognePascal Hologne : … parce qu'il vaut mieux tard que jamais (sourire) ! Plus sérieusement, s'il existe des agences nationales partout autour de nous (Allemagne, Espagne, France, Italie, Portugal...), c'est parce qu'elle émanent en général d'un grand festival de courts avoisinant. Chez nous, cela résulte surtout d'une logique : la production actuelle est telle qu'il était impératif de créer une structure digne de ce nom. Nous ne faisons en fait que combler un manque, même si l'idée germait depuis une dizaine d'années. Autour de ce projet, nous sommes six, avec Céline Masset, cofondatrice du Brussels Short Film Festival et du BE Film Festival, et des producteurs ou réalisateurs comme Maxime Feyers, Nicolas Guiot, Anthony Rey et Samuel Tilman, soit des gens, parfois « Magrittés » ou « Césarisés », qui connaissent bien le terrain. Mais cette ASBL n'aurait pu démarrer sans l'engagement d'Anne-Françoise Reynders, qui va gérer cette vaste opération.

C. : Anne-Françoise, précisément, quel va être votre rôle, dans cette agence ?
Anne-Françoise Reynders : Dans les grandes lignes, comme coordinatrice, mon but va être de mieux promouvoir et de mieux diffuser le court-métrage, de la façon la plus exhaustive possible, en Belgique et à l'étranger. Concrètement, nous serons désormais là pour aider producteurs et réalisateurs à inscrire leur film en festival, tout en les aiguillant et en les conseillant. Ensuite, il y a le volet des ventes, dans lequel l'Agence proposera un catalogue de films belges à n'importe quel média en diffusant. Dans un troisième temps, l'organe fournira, parfois clé en main, des programmations destinées à des cartes blanches, des ciné-clubs, des rétrospectives ou encore, à des séances scolaires.
P.H. : Précisons que si ce service est payant, il est largement rentabilisé : l'idée n'est pas de nous enrichir, loin de là, mais bien de proposer les coûts les plus bas possibles à tous les producteurs et réalisateurs, pour que ceux-ci se déchargent de ces taches, souvent décisives, mais particulièrement contraignantes. Parce que souvent, les créateurs de courts sont des débutants qui les maîtrisent mal, ou alors ils sont plus... âgés, et n'ont tout simplement plus le temps dans leur agenda !


C. : En Belgique, la production de courts-métrages semble en effet n'avoir jamais été aussi large. Parce qu'il n'a jamais été aussi "simple" d'en tourner ?

P.H. : C'est un fait ! Par exemple, le Festival du court-métrage de Bruxelles a reçu cette année 395 courts-métrages belges. C'est... 65 de plus que le précédent record ! Avec une sélection qui doit s'arrêter à une trentaine de films, vous imaginez ! Car oui, la technologie a évolué, et aussi, parce qu'il n'y a pas si longtemps, il était quasiment inimaginable de faire un court sans passer par une école. Maintenant, chacun le sait, un talent, bien que ça ne soit pas la norme, peut proposer quelque chose de valable avec appareil-photo ou un téléphone portable. Enfin, de plus en plus de vocations naissent, tout simplement.

C. : En parallèle, les genres et thématiques abordés semblent de plus en plus variés...
P.H. : Et c'est logique. Car qui dit plus de profils dit forcément plus de diversité. Il ne faut pas non plus oublier d'où nous revenons : début des années nonante, c'était la catastrophe pour le court en Belgique. Depuis, il ne fait que remonter. Et cela me semble justifié, car le le court reste une base du septième art. Ceux de Charlie Chaplin, de Tex Avery et de Laurel & Hardy ont, à une époque, fait le tour du monde ! Aujourd'hui, le court revient à la mode, le format a été dépoussiéré, la qualité ne fait que croître et le public en est friand. Autant profiter de cette spirale positive !

C. : Inscriptions en festival, ventes internationales, diffusions : l'agence propose-t-elle encore autre chose ?
Anne Françoise ReyndersA-F.R.: Oui. En marge de ces trois pôles-là, il y a la volonté de servir d'association professionnelle, en fédérant tous les métiers du cinéma autour du genre : producteurs et réalisateurs bien sûr, mais aussi comédiens, journalistes, scénaristes et techniciens. Chacun peut s'y inscrire, pour à peine 25 euros par an. Des réunions entre les membres sont prévues tous les deux mois environ.
P.H. : Nous n'avons pour autant pas envie d'être corporatistes. Non, l'idée, avec les membres, serait de défendre le format, de réfléchir et débattre démocratiquement ensemble autour de certains thèmes : d'un sujet sur le Tax-shelter à une collaboration avec les Magritte, en passant par la création d'un pole du court à Bruxelles, de synergies, la professionnalisation des scénaristes, la création d'un DVD ou rêvons-en : le retour du court dans certains cinémas. Le réseautage sera donc un point capital. Le court est particulier en ce sens que des gens y démarrent, y restent deux, trois ou quatre ans, puis font autre chose : soit en passant au long, soit, hélas, en quittant le métier. L'aspect fédérateur et intergénérationnel ne pourrait qu'aider chacun à mieux durer.

C. : En quoi, l'un et l'autre, trouvez-vous votre épanouissement, dans le court-métrage ?
A-F.R. : Le court-métrage, c'est ce moment des prémisses de la création. C'est donc pour moi excitant de la soutenir, d'être là aux débuts de réalisateurs. Puis, à mes yeux, en plus de favoriser les rencontres, c'est important que le cinéma belge soit (re)connu. L'enthousiasme est vraiment au rendez-vous : nous avons mis les choses sérieusement en place durant tout l'été. Là, nous sortons enfin du bois, recevons nos premières inscriptions et lançons le site, la page Facebook etc...
P.H. : Oui, et puis, au-delà de l'aspect humain, c'est jouissif de pouvoir faire avancer quelque chose qui en a besoin. Mais finalement, qu'il s'agisse de court ou de long, on parle avant tout de cinéma. Tout cela n'est donc qu'un prétexte parmi d'autres à créer du lien, à du vivre ensemble et à rendre, espérons-le, une société plus agréable. Ce ne serait déjà pas si mal!

Site de l'Agence Belge du Court-Métrage
http://agenceducourtmetrage.be/

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