La valse des faux-semblants
Mathias Gokalp a été à l’origine d’une de nos plus belles émotions de critique. Un de ces moments rares où, dans un court métrage de jeune réalisateur, on voit la naissance d’un auteur. Pour son film de fin d'études à l'INSAS, le jeune réalisateur encore en herbe avait le culot de nous proposer Rachid et Martha, 25 minutes de comédie musicale chantée façon Jacques Demy. C'est un des exercices les plus difficiles qui soit. Tout doit être parfaitement agencé, s'ajuster au millimètre. Le moindre écart de goût, une simple fausse note, la plus petite faute de rythme et tout l'ensemble bascule comme un château de cartes. Le résultat était stupéfiant. Tirant parti de manière stupéfiante des décors et des petits moyens mis à sa disposition par l’école, il manifestait un tel sens de la mise en scène, de la mise en images, une telle maîtrise de tous les éléments qui constituent un film que peu de doutes restaient permis quant à ses capacités et son aptitude future à les faire valoir. Nous lui avions décerné notre prix du meilleur court métrage belge, à l’unanimité.
C’était en 1999. Depuis, Mathias est retourné dans sa France natale pour y poursuivre sa carrière qu’on a suivi deloin en loin (notamment son court métrage Mi-temps) en sachant qu’un jour, son nom reviendrait à nos oreilles, et en bien. Et voici Rien de personnel, son premier long métrage qui confirme, de manière éclatante, tout le bien qu’on pensait de lui.