Dans le long métrage Rupture de Zohra Benhammou et Younes Haidar, nous suivons 22 jeunes adultes issus de Peterbos, un quartier nord de la commune d’Anderlecht qui, grâce au centre communautaire qu’ils fréquentent et le coordinateur des activités en son sein, partent en voyage dans les Pyrénées.
Rupture de Zohra Benhammou et Younes Haidar, 2024
On pénètre dans ce documentaire avec les paysages majestueux qui nous sont donnés de voir dans cette région magique du nord-est de l’Espagne. La fin de l’automne rencontre les prémisses de l’hiver où nous pouvons contempler la faune et la flore dans ce décor féérique filmé au drone. Au début du voyage, le coordinateur présente aux jeunes d’une petite vingtaine d’année les objectifs éducatifs de cette aventure : en plus de la découverte de la haute montagne, le but est de sortir de leur zone de confort, apprendre à se connaître, entre eux et eux-mêmes. Confronter leurs peurs les plus intimes par rapport à leur futur scolaire et professionnel. Beaucoup de ces jeunes personnes racisées issues d’un milieu précarisé se retrouvent démunis face à leurs minces perspectives d’avenir. En début de séjour, les participants se présentent, font le point sur leur passé et tentent de définir leur présent. Rares sont ceux qui arrivent à se projeter dans le futur ! Nous ne pouvons qu’être ému·e·s par certains de ces vécus, toutes les difficultés personnelles qu’iels ont dû affronter. Leur animateur leur demande de s’imaginer dans quelques années, et de faire preuve d’une créativité et d’une liberté sans borne pour ce faire. Comment réussir à détruire le déterminisme social dans lequel ils se sentent emprisonnés ? Pour s’ériger en exemple, le coordinateur dévoile le racisme cruel et le manque de soutien contre lesquels il a dû lutter pour arriver à obtenir cet emploi gratifiant. Les jeunes adultes participent aussi à des entretiens individuels filmés où ils peuvent se livrer plus en profondeur.
Pendant ce périple à travers ces montagnes boisées, ils parcourent de longues distances à pied et sont poussés dans leurs retranchements, mais en ressortent grandis sur le plan humain et physique. Ils se chamaillent et sont confrontés aux clichés sur les supposées différences de genre qui foisonnent dans leurs conflits interpersonnels. Deux filles et un garçon du groupe subissent en outre des blessures au cours des parties les plus périlleuses de la randonnée, ce qui entravent son bon déroulement. Mais tous les autres jeunes font preuve d’un grand esprit d’entraide afin que toustes continuent la marche ensemble. Ils parviennent ainsi à dépasser leurs croyances limitantes. Certain·e·s se considèrent en effet parfois incapables de mener à bien ce long trek parsemé de dénivelés et au cours duquel les conditions météorologiques s’avèrent parfois dangereuses. Mais iels parviennent toutefois à dépasser leurs croyances limitantes et peuvent ainsi changer la vision qu’ils se font d’eux-mêmes.
Ce documentaire réalisé par une équipe de BRUZZ nous donne beaucoup de baume au cœur et dresse le portrait d’une communauté soudée d’âmes sensibles mais renforcées par cette marginalisation partagée.