Sredni Vashtar de Alana Osbourne
De Cendrillon à Harry Potter, les enfants de contes figurent parmi les victimes les plus réputées de la stupidité, de la méchanceté, voire du harcèlement de ceux qui les abritent sous leur toit. Il ne faut pas chercher bien loin les bourreaux, ils sont bien plus proches qu’on ne le croit, souvent des membres de la famille au premier ou deuxième degré.
James n’échappe pas à cette règle narrative. Avec son air chétif, l'air de ne pas faire de mal à une mouche, il semble loin de Denis la malice. Passant son temps dans un vieux château aussi sec et rêche que sa propriétaire, sa tante, il ne trouve son salut qu’en tentant de s’en échapper. Or, s’échapper d’un endroit, c’est souvent pour s’enfermer dans un autre qui nous convient mieux, où on trouve le réconfort, l’écoute, parfois simplement un échange affectif primitif. Cloîtré dans sa solitude d’enfant brimé, James s’enfuit tant que possible vers la cabane au-delà du grillage qui entoure le domaine de la sévérité et des tabous. Elle lui sert d’île salvatrice à son imaginaire et à ses souhaits les plus ardents. Lorsque sa tante décide d’y pénétrer pour y déverser sa cruauté gratuite de mégère bourgeoise, James mettra toute sa conviction et ses forces dans une belle danse de sioux.
Illustration de Gwendoline Clossais