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Sur le tournage de Chez Ali

Publié le 18/05/2022 par David Hainaut / Catégorie: Tournage

Une Belge Collection qui s'affirme

Inspiré d'une collection française de courts-métrages bien connue depuis 1998 (Les "Talents de l'Adami", projetés chaque année au festival de Cannes), qui permet à des cinéastes (re)connu.e.s de révéler de nouveaux visages, La Belge Collection est de retour pour une deuxième édition de quatre courts-métrages. Aboutie, la première a récolté plus de deux cents sélections en festivals dans le monde et a décroché cette année avec Sprötch (de Xavier Seron) le dernier Magritte du court-métrage.
Parrainée par le comédien Marc Zinga (
Les Rayures du Zèbre) après Émilie Dequenne, cette nouvelle salve est entrée en tournage en février avec Angels de Jessica Woodworth. Et avant l'entrée en action de Bouli Lanners en fin d'année, un deuxième vient d'être mis en boîte par Anne-Lise Morin, lauréate en 2017 du Grand Prix du Brussels Short Film Festival.
Point sur le plateau, en présence de cette dernière.

Sur le tournage de Chez Ali de Anne-Lise Morin


Schaerbeek, Avril 2022. Dans les bureaux d'Angie Production, on s'affaire et on le comprend, puisqu'on se situe au deuxième des cinq jours du tournage de Chez Ali d'Anne-Lise Morin, filmé exclusivement de nuit dans un night-shop à deux pas de là. Un peu plus de deux ans après notre passage sur le premier volume de cette Belge Collection, c'était donc l'occasion de dresser un bilan avec ses deux comédiens-concepteurs, Guillaume Kerbusch (également acteur, il a été révélé par La Trêve) et Laura Petrone. Qui, pour aller plus loin dans leur quête de nouveaux talents, ont sollicité l'un des directeurs de casting les plus expérimentés du pays, Michaël Bier, afin d'auditionner un millier de jeunes de 18 à 30 ans, dans dix villes belges francophones. "Ça a été un travail de fou, mais terriblement enrichissant pour dénicher les seize comédiens principaux de nos quatre films", commente le couple. "On voulait donner une chance à tout le monde, même à des gens en dehors du milieu, qui garde la réputation d'être un peu fermé. Puis, reconnaissons-le, les castings sauvages sont rares ! Mais là, on prend surtout le temps de faire les meilleurs films possibles, dans l'espoir de les faire voir à un maximum de gens".

 

Sur le tournage de Chez Ali de Anne-Lise Morin


De l'intérêt jusqu'à l'étranger

Si l'idée de créer une collection récurrente de courts-métrages belges était neuve chez nous, son duo créateur n'avait pas espéré une telle aura. "On savait qu'il y avait un potentiel en prenant des réalisateurs confirmés, mais on n'avait pas imaginé l'impact, y compris à l'étranger. Certains courts ont été rachetés par France Télévisions, TV5 et ailleurs. Puis, certains comédiens ou comédiennes du Volume 1 ont été repris.es dans d'autres films depuis, ce qui nous réjouit." Une édition pilote concluante donc, ce qui n'empêche pas quelques légers ajustements cette fois. "On essaie de resserrer la durée à quinze-vingt minutes par film. Tout se tourne à Bruxelles et on a envie de faire un cinquième film, qui relierait les univers des quatre autres.". Un film est déjà en boîte: celui de Jessica Woodworth qui, après six long-métrages (dont King of the Belgians), a profité de ce nouveau guichet pour réaliser son premier court-métrage. Teinté de catastrophisme, de fantastique et même de poésie, son histoire sera celle de quatre collègues accomplissant leur dernier vol en avion.

Une scénariste de Joachim Lafosse derrière la caméra

Quant au second, qui nous concerne ici, il s'agit du second court-métrage d'Anne-Lise Morin. Identifiée il y a cinq ans en trustant la plus haute récompense du Festival du Court-Métrage de Bruxelles, celle-ci s'est depuis fait connaître comme scénariste au cinéma (Les Intranquilles de Joachim Lafosse), en série (Coyotes, RTBF) et même en feuilleton (Ici Tout Commence, pour TF1). En ayant la réputation de bien travailler et... vite. Le confirme-t-elle ?  "Disons que j'aime m'astreindre au travail et aller au bout des choses en peu de temps. Et là, on est en effet à du 1000 km/h ! (sourire)", réagit-elle. "Mais j'apprécie les projets de longue haleine aussi, comme je viens de le faire en écrivant pour le nouveau film (NDLR: Holly) de Fien Troch. J'aimerais en tout cas que l'écriture et la réalisation se chevauchent. Je m'en rends d'autant plus compte en réalisant ce film. C'est un métier qui permet de grandir autrement qu'en faisant des choses de son côté."

 

Sur le tournage de Chez Ali de Anne-Lise Morin


Un tremplin pour de jeunes comédiens

Le récit de Chez Ali évoque un petit casse qui tourne mal dans une supérette. La réalisatrice poursuit : "J'avais en tête depuis un moment une histoire de justice immédiate. Où parfois, dans l'urgence, une situation peut amener à mal se comporter. Je l'ai affinée pour rentrer dans le cadre de la Belge Collection, en impliquant quatre jeunes entre dix-huit et trente ans, dans un lieu unique. Ce qui a l'avantage d'éviter de gérer des déplacements et me permet de consacrer tout mon temps aux comédiens et comédiennes. On a tous le sentiment d'être dans un même bateau." Des acteurs et actrices presque tous néophytes, ayant pour nom Amelia Colonnello, Mehdi Zekhnini, Yvan Rami, Blanche Vieillevoye (l'une des hôtesses de Rien à foutre) et Matheo Kabati. "On a beaucoup répété avant le tournage et à raison, pour créer une dynamique de groupe juste et en cohérence avec le film. Quand la fatigue s'installe la nuit, ça permet de se reposer sur ce qu'on a mis en place au préalable. Donc, j'insiste vraiment sur ce travail fait en amont."

En attendant Bouli

La suite des tournages de cette Belge Collection II devrait se poursuivre en automne, avec une comédie de Bouli Lanners. Un quatrième larron bouclera ensuite l'ensemble pour janvier, avec un réalisateur encore à officialiser ("qui devrait aller dans un style jacovandormaelien !", nous souffle-t-on), puisque Fred de Loof (Baraki), d'abord prévu, sera finalement réquisitionné par sa série ertébéenne, qui connaîtra une deuxième saison. "On se sent soutenus, mais on aimerait pérenniser le concept ", ajoutent les deux producteurs. "L'industrie du cinéma belge francophone reste encore jeune, il y a encore beaucoup à développer. Nos partenaires de la première sont tous restés, comme le Centre du Cinéma, le Tax-Shelter, Screen Brussels et Be TV, auxquels on ajoute Proximus. Et la RTBF a conforté son aide, en co-produisant. Ce qui permet à tout le monde d'avoir désormais un contrat de travail, en étant payé à l'identique. On voudrait aussi diffuser ces courts dans les écoles. On sait qu'il y a encore à faire pour la visibilité du court-métrage auprès du grand public, mais on collabore avec l'Agence du Court-Métrage. En rêvant même de se créer une place dans les salles.", concluent ces deux jeunes entrepreneur.e.s que sont donc Kerbusch - qu'on retrouvera bientôt dans une série attendue, 1985 - et Petrone, qui restent par ailleurs très inveti.e.s dans le théâtre et dans l'organisation de stages de cinéma.

Postposée en raison de la crise sanitaire, la Belge Collection sera prête début 2023, avant d'être dévoilée au Brussels International Film Festival (BRIFF).

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