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Sur le tournage de la série Meurtres à, à Tournai

Publié le 15/10/2024 par David Hainaut et Vinnie Ky-Maka / Catégorie: Tournage

Bons baisers de Tournai

Bien que série franco-belge (à succès) concentrant chaque épisode sur une région, la série Meurtres à n'avait encore jamais posé ses caméras sur le sol belge, malgré plus d'une centaine d'épisodes tournés depuis son lancement, en 2013. C'est chose faite depuis cet été, avec un numéro dont l'action se situe à Tournai. 

Mais c'est dans un décor situé à La Louvière que nous a conviés la production, pour un épisode réalisé par Gary Seghers (Ennemi public), où l'habituel duo tournant de cette collection est formé par la Belge Alexia Depicker et le Français David Kammenos. Comme à leur habitude, la RTBF puis France Télévisions le diffuseront, cette saison.

Jusqu'à sept millions de téléspectateurs en France, et jusqu'à un demi-million chez nous, ce depuis onze ans: difficile, face à ce bilan impressionnant, de rester indifférent au succès de la série Meurtres à, dont le concept, - exempt de scènes violentes -, reste invariable: des épisodes indépendants les uns des autres, un duo d'enquêteurs (systématiquement) variable, une intrigue qui l'est tout autant, et toujours, une région visitée différente. D'abord acheteuse du projet, la RTBF a très vite rejoint France Télévisions en devenant coproductrice. Avant, pour la première fois l'an dernier, de lancer son premier appel à projets de scénarios pour la conception d'un épisode tourné en Belgique. Un appel bien reçu de la part du milieu belge francophone, puisque près d'une dizaine de projets (!) ont alors été imaginés.

Marc Janssen, responsable de la fiction à la RTBF, a précisé: "Tous ces dossiers étaient de qualité, inscrits dans différentes régions belges. Mais les jurys de la RTBF et de France Télévisions ont été séduits par celui-ci, la chaîne française n'ayant pas été insensible à ce numéro frontalier". L'un ou l'autre "perdant" ne pourrait-il pas servir à un épisode ultérieur? On le vérifiera. En attendant, le projet retenu, Meurtres à Tournai, a été placé dans les mains du producteur François Touwaide (Sequel Prod). Décidément précurseur, on lui doit l'une des premières séries (Ennemi public) issues du Fonds des Séries belges, ainsi que la première série belge francophone produite par Netflix, Into The Night

Tournai, filmée comme rarement

Justement présent sur le plateau de ce Meurtres à lors de notre visite estivale (aux côtés de son associé français, Noor Sadar), Touwaide a commenté sa nouvelle incursion dans la franchise: "Tant sur les écrans français que belges, le carton d'audience est tel que c'est évidemment un honneur de faire partie de cette première aventure tournée hors de France. On l'a d'ailleurs remarqué pendant les prises de vue: les gens sont très attachés à cette série. On a été très bien accueillis partout où on tournait, ce qui témoigne bien de l'engouement. Et à titre personnel, ça me réjouit toujours de toucher un large public. D'autant que là, ça va être une mise en vitrine exceptionnelle de nos décors et de notre terroir. Mais tout ça correspond pleinement à ma ligne éditoriale...".
Si Tournai n'est peut-être pas la première ville de tournage à laquelle on songe en général, elle a néanmoins vu déambuler ces dernières années les équipes d'autres séries: de Septième Ciel Belgique à HPI, en passant par Les Rivières pourpres, Les petits meurtres d'Agatha Christie ou Sambre, entre bien d'autres. Mais cette fois, et au-delà du titre de ce numéro, la cité dite "des Cinq Clochers" sera en effet mise en évidence comme rarement. De quoi permettre à un large auditoire la découverte de quelques-uns de ses lieux emblématiques, comme le Beffroi, la Cathédrale, la Grand-Place, le Musée des Beaux-Arts, le Pont des Trous, les Canaux ou la Rue Royale. Ville belge médiévale par excellence, Tournai se "mariait" finalement bien à la nature de la collection. Aux Beaux-Arts, un joyau de Victor Horta, des scènes ont ainsi été tournées au milieu des sculptures des œuvres de Bruegel, d'Ensor, de Manet ou de Monet. L'office locale du tourisme peut déjà se frotter les mains... 

Un tournage de pile vingt jours

Mais pour d'habituelles raisons de production, d'autres scènes se sont déroulées un peu plus loin que Tournai. Comme à Strepy-Bracquegnies (avec son célèbre ascenseur à bateaux), à Ittre, à Bruxelles, à Tubize ou encore à La Louvière, donc. "Comme dans n'importe quel film, on triche, notamment pour des scènes où on ne voit jamais l'extérieur", indique avec le sourire Touwaide." Et aux abords d'un café situé sur une place louviéroise, Gary Seghers - un réalisateur que notre producteur connaît depuis l'épopée d'Ennemi public -, nous a détaillé la séquence du moment: "C'est une petite scène avec Mathilde et Vincent, soit les prénoms de deux interprètes principaux, Alexia Depicker et David Kammenos. Et c'est en théorie l'intérieur d'un décor de restaurant tournaisien: il y a un repas entre eux, où ils parlent de leur vie personnelle. C'est le début de l'histoire, ils commencent juste à se connaître, explique-t-il, au dix-huitième des vingt jours de ce tournage chapeauté en partie par le Fonds Wallimage. "Les journées sont intenses et compliquées", dit-il encore. "Car on a dû beaucoup bouger d'un lieu à un autre. Et il faut savoir que si la moyenne est de cinq à six minutes utiles à tourner par jour, on va parfois jusqu'à huit et demi, ce qui est énorme". Avec une certaine liberté de mouvement, pour notre cinéaste, présent lors de tous les repérages? "S'il y a bien sûr une charte claire à respecter dans ce cas, tant France Télévisions que la RTBF nous ont laissé du champ libre. Ce qui nous permet quand même d'essayer d'amener une petite touche, disons personnelle. Vous nous direz, d'ailleurs - et le plus sincèrement du monde - ce que vous en penserez!" Nous n'y manquerons bien sûr pas... 

Du franco-belge à tous les étages 

Si tant Seghers que Touwaide sont plutôt restés vagues sur le récit – on peut toujours comprendre la crainte d'en dire trop -, un communiqué de France Télévisions nous en a appris davantage sur l'histoire: "Un bras tatoué d'une abeille est retrouvé flottant sur l'Escaut, sous le Pont des Trous à Tournai. Mathilde, inspectrice locale, se voit alors assistée de Vincent, un policier français, en vue de suivre les traces de ce mystérieux tatouage, qui est un symbole de Tournai hérité de Childéric 1er, Roi des Francs. Leur enquête va alors les mener sur les rives de l'Escaut et dans le milieu secret des bateliers." À l'instar du duo franco-belge de comédiens, un autre s'est attelé à l'écriture, formé par Simon Rocheman (déjà expérimenté sur la série, via Meurtres à Cognac, en 2020) et un jeune «local» de l'étape, Nicolas Moulin. Ce Tournaisien d'origine s'est notamment fait remarquer l'an dernier par l'écriture de son premier court-métrage (Un Invincible été d'Arnaud Dufeys), qui a été sélectionné au prestigieux Festival de Berlin. Par ailleurs au casting, Seghers retrouvera deux jeunes comédiens qu'il a dirigés dans la série Coyotes, à savoir Louka Minnella et Kassim Meesters. Le reste de la distribution est composé d'Anne Girouard (la reine Guenièvre, dans la série Kaamelott), Martin Swabey, Habib Ben Tanfous, Fabrice Rodriguez, Nathalie Besançon, Laurence Warin ou encore Erico Salamone. 

Un producteur et un réalisateur fourmillant de projets 

Enfin, précisons que dans la foulée de ce tournage, François Touwaide, Gary Seghers et une bonne partie de l'équipe ont enchaîné par un autre, plus court certes (une semaine): celui de la maquette d'une future série tout juste acceptée par la RTBF, Alma, coécrite par Frédéric Castadot - l'un des auteurs d'Ennemi public, (encore elle) - et Maud Carpentier. Un Seghers qui ne manque décidément pas de projets, puisqu'en avril, la nouvelle Commission des Séries (coordonnée par le Centre du Cinéma, qui a succédé au Fonds des Séries) lui a validé une autre série en six épisodes, dont le tournage se tiendra en 2025. Quant à Touwaide, il vient notamment de boucler en septembre le tournage d'une autre série belge (8 X 52 minutes), toujours pour la RTBF, intitulée Pays Noir.

"C'est un gros projet que je développe depuis quatre ans et qui se passe à Charleroi, où un jeune rappeur se bat pour sauver une salle de concert, et qui finit par s'associer avec une avocate", détaille-t-il. "Mais d'ici cette diffusion, j'espère que ce Meurtre à aura bien fonctionné. Et que cet épisode pourrait même constituer une première pierre à un nouvel édifice, pour qu'on fasse peut-être davantage de séries franco-belges dans le genre. Surtout quand des sujets s'y prêtent bien, comme c'était le cas ici. Nous ne sommes certes pas là pour changer la face de la terre, mais si des gens passent un bon moment devant leur télé ou leur iPad via ce genre de productions, on est forcément ravis!" Ce Meurtres à Tournai sera diffusé au cours de cette saison, d'abord sur la RTBF (un accord lui permet toujours de garder la primeur), ensuite sur France 3. On parle pour l'instant de fin 2024 pour la première, de début 2025 pour la seconde...

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