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Sur le tournage de la série Vital

Publié le 31/07/2025 par David Hainaut et Vinnie Ky-Maka / Catégorie: Tournage

Vital, un futur suspense hospitalier en pleine production

Prévue pour 2026, la série Vital s'ancrera dans un univers hospitalier mêlant suspense, drames familiaux et enquête policière. Elle sera portée par des personnages à la fois complexes et secrets. Plongée au cœur d'un tournage ambitieux. 

Montignies-sur-Sambre, juillet 2025. Dans les couloirs silencieux d’un ancien hôpital carolo, fermé depuis février, la production de Vital (RTBF) bat son plein depuis plus de deux mois, approchant sa conclusion. Annoncée pour l’an prochain, la série semble portée par une équipe passionnée et engagée. Intitulée Alma durant sa longue phase transitoire - plusieurs années -, elle entend plonger le spectateur dans un milieu médical fascinant et inquiétant...

Un défi physique et mental

"C’est une expérience intense, qui exige endurance physique et émotionnelle", nous confie Julien Henry, réalisateur des épisodes 3 à 6, Gary Seghers ayant en charge les deux premiers. Pour Henry, c’est une première sur une production de cette envergure. "On veille surtout à gérer un rythme soutenu, tout en maintenant la crédibilité dramatique de la série. La fatigue se fait sentir à l’approche de la fin, c'est normal, mais nous faisons tout pour préserver l’énergie et la motivation de chacun."

Le tournage, commencé le 6 mai dernier, s’étale sur 57 jours entre Charleroi (75%) et Bruxelles. Avec, comme souvent, des prises de vues qui ne suivent pas l’ordre chronologique. "Les scènes sont regroupées par lieu plutôt que par séquence narrative, ce qui réclame une maîtrise parfaite de la continuité du jeu", souligne Julien Henry. Une rigueur essentielle pour assurer la cohérence du récit, reposant sur une étroite collaboration entre acteurs (Alexia Depicker, Douglas Grauwels en tête) et les deux auteurs, Fred Castadot (Ennemi Public) et Maud Carpentier, absents lors de notre venue, mais systématiquement cités par nos trois interlocuteurs.

Le décor lui-même — ce bâtiment désaffecté — joue un rôle à part entière, de quoi renforcer l'atmosphère lourde et immersive. Et la proximité de Charleroi offre un cadre authentique, tout en facilitant la logistique du tournage. 

Une organisation précise

Produit par François Touwaide (Sequel Prod / BeHive), notamment à l'origine de la série Ennemi Public, Vital totalisera six épisodes de 52 minutes chacun. Avec une narration resserrée, exigeant un engagement constant. "Nous sommes accompagnés d’une experte médicale qui veille à la justesse des gestes et protocoles. Ce souci du détail est indispensable pour garantir le maximum de justesse dans la série", insiste Julien Henry. "Nous voulons coller au plus près de la réalité hospitalière, pour rendre l’histoire la plus captivante possible."
L’organisation est donc rigoureuse, les répétitions et – surtout – le tournage d'un pilote tourné l'an dernier ayant été essentiels, aux dires de tous: "Mais le planning reste serré. Il nous faut continuellement jongler entre les scènes techniques et des moments d'émotion parfois délicats. Chaque jour sur le plateau est en fait une course contre la montre où concentration et créativité doivent coexister." 

Malgré la pression, l’ambiance sur le plateau reste conviviale, voire même solidaire. La confiance entre les acteurs et les techniciens favorise un climat propice à la créativité, nécessaire pour relever le défi d'un tel projet. Chaque membre sait qu’il participe à un projet particulier et ambitieux, où chaque détail, du maquillage aux éclairages, compte. 

Alexia Depicker, une urgentiste au cœur de l’action

Alexia Depicker incarne Laure Gillet, médecin urgentiste. Elle confie: "Mon personnage est quasiment présent dans toutes les scènes, ce qui demande un gros investissement. Pour me préparer, j’ai passé du temps en réanimation dans un hôpital. Cette immersion m’a permis de mieux comprendre les gestes et l'ambiance particulière de ce service." Elle ajoute: "Au-delà des aspects techniques, ce qui marque ici, c’est la qualité des échanges avec l’équipe et la liberté qui nous est donnée pour rendre notre jeu naturel. Cela enrichit vraiment la complicité sur le plateau." Elle décrit aussi l’atmosphère comme particulièrement chaleureuse: "L’équipe est fantastique, beaucoup se connaissent déjà, ce qui facilite un travail efficace et convivial malgré la charge émotionnelle." 

Douglas Grauwels : un médecin légiste hanté

Douglas Grauwels, vu entre autres dans la troisième saison d'Ennemi Public (décidément), incarne Éric Simons, médecin légiste au passé complexe, éloigné de sa sœur Laure depuis vingt ans. L’acteur détaille: "J’ai suivi un coaching intensif avec un spécialiste médecin légiste et des cours en unité de soins intensifs pour maîtriser les gestes techniques. C'était essentiel pour bien comprendre l’ensemble du scénario — six épisodes pour six heures d’histoire — pour incarner pleinement ce personnage complexe."  Il souligne la rigueur du rythme: jusqu’à quatre séquences par jour, abordant la vie, la mort et des conflits familiaux intenses...

Douglas souligne aussi sa bonne entente avec Alexia Depicker, avec qui il travaille étroitement pour rendre leur relation à l’écran la plus vraie possible: "Nous cherchons à ce que la tension présente ne soit pas superficielle, mais s'immerge vraiment dans la profondeur des personnages." Il raconte une scène marquante tournée dans un caveau au Cimetière d’Ixelles, entouré de faux corps: "Il faisait caniculaire, et on tournait dans un minuscule espace clos. J’étais entouré d’une trentaine de faux corps très réalistes, un travail impressionnant de maquillage. C’était une expérience vraiment rude, à la fois physiquement et émotionnellement."

Une équipe soudée pour relever le défi

Au-delà de ces rôles principaux, le casting réunit aussi Kassim Meesters, Claire Beugnies, François Neycken, Cathy Min Jung, Kenza Lagnaoui et une trentaine d'acteurs. Julien Henry souligne: "La qualité des comédiens est exceptionnelle. Ils sont consciencieux, très professionnels et investis. Cela facilite énormément notre travail, surtout dans une production aussi exigeante. À l'instar de son actrice centrale, il pense que "Le climat de travail serein entre équipes technique et artistique joue un rôle clé dans ce projet." 

Une série belge ambitieuse au cœur du paysage audiovisuel

Vital s’inscrit dans une dynamique de production encore récente, alliant qualité artistique et audace narrative. Produit avec le soutien de la RTBF et les Fonds Régionaux (Screen Brussels et Wallimage), le projet est donc écrit par le duo Castadot/Carpentier. Et risque d'explorer le cadre médical avec une minutie peu vue jusqu'ici. Initialement prévu en dix épisodes, le projet a été réécrit en huit puis six épisodes, évolution du format oblige. "Ce qui m’a plu dans ce projet, c’est l’originalité de ce thriller, porté par un duo atypique: un légiste et une urgentiste pris dans une enquête haletante bouleversant leurs relations," explique Julien Henry. "Ce sont des personnages riches et développés. puis, il y avait cette tension à (re)créer..."

En filigrane, le scénario s’inspire aussi des enjeux contemporains du monde médical, notamment les crises sanitaires récentes, conférant une résonance particulière à la série. Le regard porté sur la complexité des relations humaines au sein d’un hôpital — avec ses secrets, ses loyautés et ses conflits — pourrait même offrir une dimension sociale à l'ensemble. 

Perspectives et projets à venir

Alexia Depicker, également active sur les planches, reste attachée à l’expérience de Vital: "Cette aventure humaine et professionnelle restera un souvenir fort. C'était d'ailleurs mon rêve de jouer dans une série médicale!” Elle a par ailleurs évoqué Éthernel, une autre série (6 X 52) prévue la saison prochaine sur la RTBF, initiée par Hélicotronc, la structure à l'origine de La Trêve et Des Gens bien. Cet autre tournage s'est déroulé entre février et avril dernier. Elle détaille: "C’est une série d’anticipation qui se passe 10 à 15 ans plus tard dans un univers où l’on peut communiquer avec les morts grâce à des bornes. J’y joue la sœur du héros, incarné par Michaël Abiteboul.” 

Douglas Grauwels, lui aussi présent au théâtre ("Cela fait dix ans que je joue un seul-en-scène autour de Jean-Claude Van Damme, et la suite se prépare"), se réjouit de ce rôle marquant dans sa carrière: "Pour un acteur, c'est formidable. Car un tel rôle permet de jouer des scènes fortes, tout en évoluant dans un univers passionnant. On espère déjà que le public sera au rendez-vous." D'ici là, le comédien sera visible sur grand écran dans Dalloway (avec Cécile de France) La Femme la plus riche du monde, tous deux prévus pour cet automne.

Julien Henry, après une courte pause, s'attaquera lui au montage ("D'ici fin décembre, ce devrait être dans la boîte") tout en œuvrant sur - au moins - trois autres projets: une autre série (La Pote d'un pote, avec Arte) et deux long-métrages (Wallifornia Dreaming et Bangers). Affaires à suivre, donc... 

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