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Sur le tournage de la websérie "Boldiouk & Bradock"

Publié le 10/12/2018 par David Hainaut et Tom Sohet / Catégorie: Tournage

En mai dernier, 5400 votes d'internautes permettaient à la websérie Boldiouk & Bradock d'aller plus loin que la réalisation de son pilote, grâce au désormais traditionnel concours lancé par la RTBF, via un appel à projets. Dans un final où en subsistaient encore quatre.
Comme de coutume, la websérie "rescapée" a reçu une enveloppe (de 140 000 euros au total) permettant le tournage de 10 nouveaux épisodes de 5'. Diffusée en janvier prochain, elle succèdera donc à Typique, Euh, Burgland et La Théorie du Y qui, jusqu'ici, ont permis à la chaîne publique de truster 56 prix dans le monde. Et c'est de comédie fantastique dont il s'agit ici... 

À trois jours de l'issue d'un tournage qui en compte dix-huit, c'est à Vilvoorde, dans un vaste hangar servant pour plusieurs décors, que prend tout doucement fin le tournage de Boldiouk & Bradock, la dernière-née des webséries "Made in RTBF". Comme nous pouvions nous y attendre, vu la particularité de ce format encore neuf, l'équipe est jeune ("23 ou 24 ans", nous indiquera-t-on plus tard), les conditions sont légères et le tournage intense - une importante scène de bagarre figure au menu du jour -, mais... l'enthousiasme clairement au rendez-vous. Comédiens et techniciens, qui se connaissent bien, sont soudés, cette bande de débutants (ou quasi tous) mesurant pleinement l'opportunité de tourner un projet qui bénéficiera d'une belle visibilité. "Peut-être que je me trompe", détaille son producteur Toussaint Colombani "Mais par rapport à l'ambition du scénario, les moyens mis à disposition et les visions des premières images, le résultat est au-delà de nos meilleure attentes. C'est pratiquement un sans-faute !" "On a aussi eu de la chance avec l'été indien", renchérit son frère Félix, qui co-gère avec lui La Belle Equipe Productions, "Car nous avions pas mal de scènes extérieures, et ce n'était pas gagné d'avance !"


Jusqu'au Festival de Genève en stop

Ceux qui ont vu le pilote de cette fiction atypique et à l'esprit loufoque l'auront remarqué : derrière un titre un peu barbare, se cache l'histoire de Boldiouk (Loïc Buisson, vu dans la série Unité 42), un scénariste en herbe, criblé de dettes et sans électricité chez lui, à qui il reste 24 heures pour boucler son dernier récit, sous peine d'être licencié. En panne d'encre, il part en acheter chez l'antiquaire habitant en bas de chez lui. Mais la porte de la boutique se retrouvant mystérieusement bloquée, notre héros est contraint de s'échapper par le toit. Là, il tombe nez-à-nez avec Bradock (Alexandre Hérault), un personnage fou, impulsif et imprévisible. Mais d'où vient-il donc ?
Cette websérie, son jeune créateur et réalisateur Théophile Roux y tenait. C'est le moins que l'on puisse dire. Parti en compagnie de ses co-auteurs faire un aller-retour... en stop au Festival International de Genève en Suisse, simplement pour présenter son projet à des professionnels, c'est dans cet événement de cinéma – et spécialisé aussi dans les nouveaux médias - qu'il a croisé François Jadoulle, alors employé dans l'équipe webcréation de la RTBF et qui l'a incité à proposer sa websérie lors de l'appel à projet suivant. Roux s'exécutera, avec la réussite que l'on sait...


 Entraide, solidarité et bonne humeur

"Nous, nous avons rencontré ce réalisateur en décembre de l'année dernière, soit quelques semaines avant l'appel à projet. Mais il porte avec lui Boldiouk & Bradock depuis cinq ans", explique Toussaint Colombani. "Il nous a même montré des dessins de la série qu'il a gratté... à 12 ans ! Comme producteurs, c'est motivant, car on sait qu'on ne bosse pas pour Gaston Lagaffe (sourire). Le gars est là pour faire le meilleur truc possible. Sa confiance réussit même à nous toucher. On a regardé son tout premier pilote, qui était imparfait mais où on sentait quelque chose. Que ce projet un peu fou méritait d'être reconstruit. Depuis, on a une relation de ping-pong avec lui et les auteurs. On a parfois quelques bisbrouilles, c'est logique, mais chacun apprend."
Son frère enchaîne : "Pour tout le monde, c'est un vrai gros premier projet. On évolue ensemble, on s'entraide, sans hiérarchie ou presque. L'éclectisme, la compétence et la solidarité sont là, on bosse avec sérieux et dans la bonne humeur, pour un projet auquel chacun croit!" Où, dans un univers fantastique assez inhabituel chez nous, il sera question de voyage initiatique ("Une sorte de John Malkovich sous LSD ! " dixit les concepteurs), de monstres et de supers-pouvoirs. "Dans cette saison 1, on cherche du décalé, de la folie, du rythme et des blagues, pour garder l'attention du spectateur. Ce qui ne nous empêche pas de casser le ton à un moment donné...", complète Toussaint.

 
La websérie, un laboratoire créatif et libre

S'inscrivant dans un écosystème belge changeant, avec de nouvelles audaces, de nouveaux contenus, de nouvelles atmosphères et de nouveaux moyens techniques - soit un ensemble indirectement favorable à l'émergence de nouveaux talents -, ces fictions courtes, sortes de laboratoires créatifs géants, permettent en parallèle à de jeunes sociétés d'émerger. Créée en avril 2017 seulement, La Belle Equipe Productions est ainsi née de l'union de deux frangins corses vivant en Belgique, l'un (Félix) étant diplômé d'ingénieur de gestion à Solvay, l'autre (Toussaint), du Conservatoire Royal de Bruxelles comme comédien et de l'HELB (ex INRACI) en section production. Dans le milieu, ce dernier s'est fait remarquer en réalisant Pièce Détachée en 2013, un court-métrage avec Yves Claessens et Erika Sainte. "On a d'abord chacun vécu nos vies, et à l'approche de la trentaine, on a décidé de lancer notre société, en partant de zéro" raconte ce dernier. "Jusqu'ici, on fait surtout des captations de spectacles ou des vidéos institutionnelles donc pour nous, c'est exceptionnel de tourner une websérie ! Mais en fiction, notre intention est double : produire ce qu'on regarderait de bon cœur, en respectant les intentions artistiques, l'univers et les exigences d'un réalisateur. C'est en ça que je trouve notre métier excitant, car il englobe tout : de la préparation à la post-production, en passant par le financement, l'écriture, la recherche de lieux, etc... Avec l'avantage, dans ces webséries, d'avoir une quasi-absence de cahier de charges : notre liberté est presque totale et ça, de la part de la RTBF, on ne peut que le saluer !"


Livraison pour janvier 2019

Pour l'heure en montage, Boldiouk et Bradock sera livré à la chaîne publique en janvier prochain. Outre les deux personnages centraux précités, Noya Dalem, Florence Roux, Anthony Molina-Diaz ainsi que les expérimentés Benoit Verhaert et Luc Van Grunderbeek (La Trêve 2) complètent le casting de ce projet également écrit par Alexandre Mailleux, Ianis Habert, Romuald Dagry et Tom Vander Borght. Une websérie tournée par ailleurs à Bruxelles, Colfontaine - dans un charbonnage - Rixensart et Waterloo, et qui bénéficie de partenariats comme Screen Brussels et le Tax-Shelter. Destinée en primeur au web, le projet pourrait, comme quelques-uns de ses prédécesseurs, être diffusé en télévision et bien sûr, faire carrière en festival...

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