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Branden, Lisette Ma Neza, 2024

Publié le 05/11/2024 par Basile Pernet / Catégorie: Critique

À partir d’une forme cinématographique assez unique, l’artiste Lisette Ma Neza donne la parole à cinq femmes exilées de leur pays d’origine vers l’Europe, en raison de conflits armés. Ce « poème collectif » évoque donc plusieurs histoires qui ont de commun l’urgence de la fuite face à la menace des flammes. Brusquement déracinées, le plus dur pour ces femmes reste encore à venir : refaire sa vie en s’intégrant à une nouvelle culture.

Branden, Lisette Ma Neza, 2024

 

Le court-métrage de Lisette Ma Neza semble se construire librement, de façon parfaitement autonome et sans contrainte, se parant de diverses allures, sonores et visuelles : de la séquence au plan, se succèdent des extraits d’interviews, des photos ainsi que des images provenant de vieilles caméras numériques personnelles et de téléphones portables. Côté son, une voix off parcourt l’intégralité du film, en récits parlés et en chansons, en anglais et en kinyarwanda. Cette forme poétique libre exploitée par la réalisatrice donne l’impression que le film obéit à ses propres images et sons, qui semblent affluer de manière improvisée, voire instinctive. L’histoire complexe de chacune de ces femmes se matérialise dans l’enchevêtrement d’images disparates qui formule l’idée d’une confusion. Leur conscience en revanche demeure inébranlable, portée par un refus de résignation qui définit chacun de leurs actes. Elles en tirent un optimisme tout bonnement admirable, grâce auquel l’art s’invite dans leur vie, né d’une parole libre et polysémique.    

Branden est un court-métrage complexe qui allie conversation thématique et recherche esthétique. L’articulation cohérente de ces deux intentions permet de repenser la narration cinématographique au moyen d’une forme d’expression poétique. Ces cinq portraits de femmes issues de différentes diasporas n’en sont que plus intimes et saisissants. 

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