Avec son troisième court-métrage, Nicolas Keppens nous présente Easter Eggs, gagnant le prix du meilleur court-métrage belge pour la 40e édition du festival Anima et sélectionné pour la compétition de courts-métrages du Festival international du film de Berlin. Récompensé en 2018 avec Wildebeest, le réalisateur revient avec une histoire centrée sur une amitié peu commune entre deux jeunes garçons, Kevin et Jason.
Easter Eggs de Nicolas Keppens
Étant parti, monsieur Ping laisse son restaurant chinois vide. La cage aux oiseaux abritant de beaux perroquets est restée grande ouverte. Kevin, un jeune adolescent se prenant pour une racaille sur sa moto, décide avec son ami Jason, un peu benêt, de rattraper ces oiseaux exotiques pour se remplir les poches. Seulement, nos deux jeunes protagonistes ne se doutent pas que la tâche va s'avérer plus compliquée que prévu... L’amitié qui les unit est malsaine. Kevin ne cesse d’aboyer et d’insulter son ami, le laissant même seul dans le restaurant chinois au beau milieu de la nuit. Mais Jason quémande l’amitié de Kevin et prêt à tout pour lui plaire et lui ressembler en devient presque touchant. Même Kévin est pris de remords d’avoir abandonné son copain et part à sa recherche, en pleine nuit.
Ce film, à l'atmosphère pesante et étrange, construit un récit pour nous mettre mal à l’aise et faire monter l'angoisse. Le film déjà s’ouvre sur un accident : une femme est victime d’une collision en voiture, ensanglantée, elle demande de l’aide, mais aucun des deux adolescents ne réagit, comme si elle n’existait pas. Comme si rien n’existait autour d’eux.
Un graphisme intéressant accentue l’étrangeté présente dans ce court-métrage, alliant des personnages repoussants physiquement mais toutefois attachants.
Loubna Filali