Autour de nous l'absence de brouhaha. Pas de conversation allant à hue et à dia comme dans les locaux d'une salle de rédaction. Juste l'essentiel du dialogue que constitue un entretien entre deux personnes. Même les ordinateurs sont muets. En face de nous Agnès de Ryckel, dont L'âge selon Elise sera diffusé dans « Tout court », l'émission de Renaud Gilles. Sa passion : raconter des histoires. Paradoxal lorsqu'on réalise un documentaire ? À vous de juger ! Votre serviteur, quant à lui, tend l'oreille aux propos de la réalisatrice.
Entrevue avec Agnès de Ryckel : L'âge selon Elise
« L'Ours de Jean-Jacques Annaud est le premier film que j'ai vu au cinéma à l'âge de neuf ans », nous confie-t-elle sans hésiter mais en précisant qu'elle avait vu les films d'animation en K7, étant plus petite. Une époque de sa vie où elle préférait la lecture et le dessin au cinéma dont le goût lui est venu bien plus tard. « Ce qui m'y a amenée est le désir de raconter des histoires, précise-t-elle. Vers l'adolescence elle est partagée entre littérature et cinéma. Si ce dernier l'emporte cela est du au fait qu'il s'agit d'un métier « où l'on rencontre plein de gens, plein de lieux. On travaille avec une équipe qui bouge. Toutes choses qu'on ne rencontre guère dans d'autres métiers. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé d'aborder le cinéma à la fin de mes humanités ». Elle réussit l'examen d'entrée de l'IAD avec l'idée de réaliser plus tard des comédies dramatiques. Elle a un petit rire et ajoute : « C'est ce qui ressemble le plus à la vie. Je crois qu'on peut raconter des choses graves sur un ton humoristique. Par exemple Mina Tannenbaum, le film de Martine Dugowson est un film que j'aime bien parce qu'on est proche des gens, qu'il met l'accent sur les relations entre les gens ou alors les films du tandem Jaoui/Bacri qui mettent bien en évidence les petits drames personnels de la vie quotidienne et la faiblesse des gens qui les vivent à travers les personnages qu'ils travaillent ». Ça tombe bien puisqu'en seconde année elle a participé à un remake de scènes de Cuisine et dépendances d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, lors d'un exercice de réalisation !
« Ma promotion ne ressemblait pas du tout à celle qui a réalisé Les sept péchés capitaux, elle n'était pas homogène. On était tous très différents dans nos goûts et chacun développait un style propre. D'autant qu'on pouvait s'exprimer comme on l'entendait. Son premier film, un court métrage, en vidéo, de 5', tourné en première année s'appelle Dernier thé. « L'Histoire d'un couple assez vieillot dont le mari malade, nous explique-t-elle, rendait la vie impossible à sa femme. » La femme aimant son mari celui-ci en profitait jusqu'à plus soif (si on ose écrire). Tant et si bien que la femme essayait d'empoisonner le mari. « C'est la relation amour/haine qui peut exister dans un couple qui m'intéressait. Naturellement il mourrait sans l'aide de sa femme ».
Ensuite elle tourne Les Oeillets blancs, une fiction réalisée en 16mm. L'histoire d'un jeune homme maladivement timide qui tombait amoureux d'une fleuriste et qui n'osait pas déclarer sa flamme. « Les situations étaient ridicules. Le jeune amoureux allait acheter, tous les jours, des oeillets blancs en espérant entamer une conversation avec la fleuriste d'où le titre ».
L'Age selon Elise, est mon film de fin d'études et aussi un documentaire. J'avais écris deux scénarios. L'école a retenu mon documentaire parce que la fiction était trop coûteuse. En fait j'aurais aimé réaliser les deux. S'exclame-t-elle en souriant et en secouant la tête. L'Age selon Elise, le portrait d'une dame de 87 ans, vous sera proposé dans « Tout Court », l'émission de Renaud Gilles le 26 octobre. Nous vous parlons du film d'Agnès de Ryckel dans la rubrique Mediatics de ce numéro.