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Entrevue avec Maurice Minet

Publié le 01/01/2003 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Entrevue
Entrevue avec Maurice Minet

C'est un cinquantenaire, professeur de français qui débarque chez nous allègrement. Il vient d'obtenir à Média 10/10, le prix de la deux/RTBF pour son premier film. La Dernière note, son film, passera donc sur antenne le dernier mercredi de janvier 2003 dans l'émission de Renaud Gilles : "Tout Court".

 

"Le premier film dont je garde le souvenir est Blanche Neige, c'est ma grand-mère qui m'a emmené, c'était à Namur dans une salle paroissiale qui s'appelait "Le Cinex", la première fois que je rentrais dans une salle disposant d'un grand écran. Je devais avoir 5 ou 6 ans. A l'époque pour aller au cinéma c'était toute une affaire. Il fallait marcher, prendre le bus, aller en ville et je vivais à la campagne. Aller au cinéma, c'était un jour de fête, un événement. Sur une année, y aller quatre fois c'était pas mal. J'étais dans une école où l'on nous passait des films en sixième primaire. Un de mes souvenirs les plus marquants a été Le Christ recrucifié, une adaptation de Nikos Kazantzakis, pendant la Semaine Sainte. C'était un film d'une extrême violence. La scène du passage à tabac dans une clairière m'a fort frappée."

 

Son premier ciné-club c'est lui qui l'anime, à l'adolescence, dans son village de Wépion. "On était un groupe de jeunes qui voulions nous lancer, dans l'animation culturelle, dans la réflexion et l'animation de la communauté villageoise. Et l'idée du ciné-club est venue. C'était aussi un peu la mode, dans les années soixante. On avait programmé des films comme Le Troisième homme de Carol Reed, les Fraises sauvages d'Ingmar Bergman. A l'époque le film était le support à un débat."

 

Maurice Minet fait ses études à Arlon, plutôt qu'à Namur pour couper les amarres avec la famille. "A cette époque Arlon était une capitale culturelle, je me suis senti libre et là j'ai dévoré le cinéma. Même si il n'y avait que deux salles, toutes les semaines j'y allais deux ou trois fois. J'ai le souvenir d'avoir découvert Jules et Jim de Truffaut dont j'avais vu Les 400 coups dans le cadre du ciné-club, la Ciociara avec une Sophia Loren impériale. C'était la fin de l'époque du néo-réalisme avec Vittorio De Sica. Etant rentré dans l'enseignement, je n'ai jamais vécu de frustration par rapport à mon choix, mon père est mort à la fin de mes études. Et puis à l'époque même si j'avais voulu faire du cinéma, il fallait acheter une caméra et ma famille et moi-même n'avions pas les moyens. Ma première caméra je l'ai acquise en 1998. Entre 68 et 98, j'ai enseigné à Notre-Dame de la Paix, à Namur. Mais le cinéma a continué à occuper ma vie et ce que je savais et j'aimais bien je l'utilisais dans le cadre de mes cours. Le collège permettait d'accéder facilement aux films. En même temps je me suis lancé dans la photo, à titre tout à fait personnel, et surtout la diapositive afin de faire des montages. Cela m'a permis de capter la nature, la lumière. Ma première caméra c'était une H8, j'ai commencé par des films de famille, mais très vite j'ai eu envie de faire autre chose. J'ai donc cherché un club pour apprendre et en même temps être porté, et j'ai trouvé le CINAM. Dans le cadre du club CINAM, il y a une réunion tous les 15 jours, et il y a aussi des ateliers selon la demande soit de filmage ou de montage. Et suite à une demande de plusieurs d'entre nous, un atelier de création de scénario s'est mis en place. On a demandé à la Province de Namur l'aide d'un scénariste qui nous a envoyé Benoît Mariage. C'est ainsi que j'ai ressorti une histoire écrite il y avait trente ans : La Dernière note. L'histoire a plu et était réalisable. Elle raconte l'histoire de l'exclusion d'un petit vieux d'une fanfare de village. Je n'avais jamais écrit de scénario techniquement mais Benoît Mariage m'a montré comment y arriver."

 


Maurice Minet ne tarit pas d'éloges sur la collaboration qui s'est instaurée entre Benoît Mariage. "Son professionnalisme et sa sensibilité sont tels qu'il arrive à insuffler des idées, un esprit et là pour moi c'est une osmose. Une fois le scénario terminé, ont s'est dit pourquoi ne pas aller jusqu'au bout et réaliser un film. J'étais enthousiaste à l'idée de mettre en image cette histoire que je portais en moi depuis trente ans. Avec l'aide du CINAM, de Benoît et des copains, on s'est jetés à l'eau". Ce n'est qu'à posteriori que nos compères chercheront du financement. Il leur fallait des acteurs et "Benoît Mariage nous a proposé des acteurs avec qui il avait déjà travaillé : Marcel Toussaint et Renaud Ruyten (les Convoyeurs attendent).C'est un personnage, Marcel Toussaint. Il a fallu ensuite chercher une fanfare. Quelqu'un connaissait la fanfare de Fernelmont, qui est composée d'une cinquantaine de musiciens. Le story board étant très bien découpé, le tournage qui a eu lieu en avril-mai 2002 s'est déroulé en trois jours. Ce fut une belle aventure dans laquelle tous se sont impliqués, la fanfare, le Bourgmestre du village. J'ai été ému lorsque le président de la fanfare m'a dit qu'il y avait une fusion entre nous ; tant avec moi qu'il ne connaissait pas, qu'entre acteurs professionnels et amateurs. Philippe Guilbert est venu faire l'éclairage. Benoît Mariage était conseiller."

 

La Dernière note, sélectionné à Média10/10 obtient le prix de la deux/RTBF et sera projeté le mercredi 29 janvier 2003, en soirée, dans l'émission "Tout Court"  de Renaud Gilles diffusé sur la deux/RTBF. "Maintenant, je dois faire aussi bien et avec plus de moyens. J'ai envie de continuer l'aventure. J'ai des idées de scénario."

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