Nadia Kaci est la protagoniste du premier film de fiction de Kamal Dehane, Les Suspects. L'actrice joue Samia, une psy qui rentre en Alger après avoir fait ses études à l'étranger. Samia fait une étude sur les séquelles psychologiques des anciens combattants de la guerre de l'indépendance. Un personnage qui dérange dans un monde où les hommes n'ont pas le droit de montrer leur fragilité. Et les femmes non plus.
Entrevue avec Nadia Kaci à propos de Des Suspects
« Le personnage n'existait pas dans le roman, mais comme il existait très fort dans le scénario je l'ai reçu avec force. C'est un personnage qui révèle ce que les femmes peuvent être et la façon dont elles doivent se battre en Algérie. Elle a un niveau d'instruction élevé et un regard critique sur l'Algérie. Elle a envie d'être une femme libre dans ce pays, comme beaucoup d'autres femmes qui ont une personnalité forte et qui ont envie de vivre simplement leur féminité dans un pays où les hommes imposent souvent leur façon de voir le monde. Il faut se battre quotidiennement. L'Algérie forme des battantes. » En tant que comédienne, Nadia Kaci connaît bien les limites algériennes. « J'ai suivi des cours d'art dramatique en France, puis je suis rentrée chez moi et j'ai bien vite compris que je ne pourrais pas travailler là-bas. Les années 90 étaient très compliquées en Algérie et je voulais vraiment être comédienne, donc il a fallu repartir. »
En 1993, elle joue dans Bab El-Oued City de Merzak Allouache. C'est le début d'une carrière à l'étranger pendant laquelle elle tournera deux fois avec Nadir Moknèche, d'abord dans Le harem de Mme Osmane et plus récemment dans Viva Laldjérie.Ce sont des films qui posent déjà la question de la condition féminine en Algérie. On se demande comment ces films ont été reçus là-bas.« Le problème numéro un en Algérie, c'est qu'il n'y pas beaucoup de salles pour présenter les film, par contre ils passent par le câble. Malgré tout, ces films sont vus à la télévision, le message passe, après si ça plaît ou pas ce n'est pas la question. L'essentiel c'est que ça soit vu. Ce n'est pas un film qui va changer le cours du monde, mais il peut aider à avoir un regard différent parmi une multitude de regards. »
Nadia rencontre Olivier Gourmet dans Nationale 7 de Jean-Pierre Sinapi et ensuite c'est la collaboration avec Kamal Dehane pour Les Suspects. « Je trouve que Kamal est très sensible. Il a une justesse de regard sur notre société et en perçoit toutes les nuances. Il n'est pas manichéen. Il a transféré cette attitude pour son premier long métrage. » Quelles sont ses attentes pour la sortie du film ? « Moi, je me dis que le cinéma est un langage universel et il y a des chances pour que ça touche tout le monde, en Belgique comme en Algérie. Je suis de nature assez confiante. »
Vitor Pinto