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Entrevue avec Nicolas Simon à propos de Balanz

Publié le 01/07/2004 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Entrevue

Il y a quelques années nous pensions que le cinéma belge et les cinémas d'Asie étaient les plus inventifs de la planète cinéma (à l'hilarité quasi-générale de nos amis). Aujourd'hui, en ce qui concerne l'Asie, c'est devenu carrément tendance. Reste le cinéma belge, artisanal, qui fait des films atypiques. Sera-t-il bientôt sur le haut du pavé ? En tout cas c'est un bouillon de culture qui n'est pas près de régresser, avec ou sans moyens financiers. C'est le cas de Balanz un documentaire de Nicolas Simon, réalisé en DV-Cam et sorti, dans la foulée, en DVD, qui nous démentira. Portrait.

Entrevue avec Nicolas Simon à propos de Balanz

Le premier film qu'il ait vu n'est autre que 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, vu en noir & blanc sur la télévision de sa grand-mère, à la campagne. Il avait 6 ans. «Le souvenir m'en est revenu, quand je l'ai revu dans de meilleures conditions. L'utilisation de la musique, la complémentarité entre l'image et le son. » Ce n'est pas ce qui provoque le déclic du cinéma chez Nicolas Simon. « C'est revenu, sous forme de boulimie, comme le retour du refoulé, vers l'âge de 18 ans. Et là, c'est devenu de l'émotion pure. » Il va voir tout ce qui sort en salles, et de temps en temps les films du répertoire au Musée du Cinéma. « L'idée que je pourrais faire moi-même du cinéma ne m'est pas venue tout de suite, mais plus tard lorsque j'ai eu envie de créer des choses. Quels moyens vais-je utiliser ? » Et le meilleur moyen lui semble être le cinéma. Il permet de conjuguer sa créativité avec celle d'une équipe avec pas mal de paramètres en jeu.

 

À l'adolescence, Nicolas reçoit une formation du jeu d'acteur en expérimentant l'Académie de théâtre : «  Il était intéressant de pouvoir devenir, dans un espace de fiction quelqu'un d'autre. Il y a une sorte de dédoublement qui est un plaisir. Cela m'a servi dans le cinéma même si je me suis dirigé vers le documentaire. Sur un coup de tête, j'ai fait l'IAD. J'ai passé le concours d'entrée sans trop de problèmes. C'est après que cela s'est compliqué. Lorsque je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas vraiment d'esprit collectif dans ma promotion. » C'est ce qui le pousse à faire un stage de montage chez Philippe Bourgeuil pour mieux comprendre l'évolution de la chaîne cinématographique. « Militons!, mon documentaire de fin d'études, que j'ai produit avec 20.000 FB traite de l'engagement politique et s'insurge contre les centres fermés. « Je soutenais le point de vue des militants (mais pas toujours leurs méthodes) qui étaient dans les manifestations contre les centres fermés à Bruges, à Bruxelles, à Liège et j'en interviewais trois de générations différentes, j'avais donc trois points de vue sur le militantisme. »

 

Après avoir exercé divers métiers, il fonde le groupe de Cinéma Kino - qui fait, entre autres choses, des projections de courts métrages au théâtre Mercelis tous les quinze jours - qui passe à la réalisation de films rapidement. « Le groupe rassemble des artistes de la vidéo et du cinéma, il ne produit pas, il veut avoir une structure la plus ouverte possible. On a donc décidé de faire le minimum de transfert d'argent et toujours en restant dans la mentalité des québécois, qui ont lancé l'idée de Kino, dont nous sommes une sorte de cellule belge. C'est-à-dire faire bien avec rien, faire mieux avec peu, mais le faire maintenant. Ne pas se poser la question du financement du film mais de la concrétisation du film. Dans cet esprit-là Kino ne peut être qu'une structure d'entraide et de diffusion. » Les films diffusés le sont entièrement en numérique.

 

C'est le cas pour Balanz, denier film tourné par Nicolas Simon qui est passé du tournage numérique au DVD. «  Ce n'était pas planifié. Un moment j'ai eu de l'argent, je me suis acheté une DV-Cam, en me disant qu'il y avait au moins la technique minimum pour que cela soit présentable. Cela va lui permettre de conjuguer la caméra avec son amour pour le cirque, un milieu d'artistes qui le fascine, tant à Bruxelles qu'à Montréal. Ayant appris que les circassiens qu'il a rencontré à Montréal, du Cirque Gasser, allait entamer une première tournée en Europe il comprend que c'est maintenant.  « On était en décembre 2001, je suis allé voir pas mal de monde, notamment les Ateliers, mais j'arrivais au milieu de la saison. J'ai trouvé du matériel à prêter à l'IAD. J'ai séparé mon tournage en deux. J'ai d'abord enregistré le spectacle de cirque à Genève parce qu'il y a un superbe chapiteau. J'y ai trouvé une équipe bénévole. C'est à ce moment que Tarantula est arrivé dans le projet, en me donnant une aide en matériel. On a tourné la seconde partie en juillet. C'est donc une co-production entre Tarantula, Dynamo, mon asbl et tout le monde est en participation et tout cela donne une production bâtarde puisqu'il n'y a pas de budget préalable, on a fait du montage on-line, il n'y a pas de kinescopage. »

 

C'est un film réalisé avec un minimum de moyens. Sans préachats, sans financements extérieurs, il se fixe la contrainte au montage, de ne pas dépasser les 52'. « Sitôt terminé le tournage je n'avais qu'une seule envie, en faire un autre, en creusant le même sujet parce que je me rends compte, par les contacts personnels que j'ai, qu'il y a plein de choses qui se passent. Le sujet est encore dans l'actualité. Et, un autre projet, sur le long terme, serait de retourner dans cinq ans pour voir ce qu'est devenu le cirque, l'équipe ayant éclaté. Beaucoup d'artistes sont retournés dans leur pays. Les spectateurs qui ont vu le film en salle me demandent ce que sont devenus les différents protagonistes. Ils ont envie d'en savoir plus. »

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