La poésie comme moteur du dessin animé La Femme papillon, un premier film qui obtient le Prix de la deux/RTBF à Anima 2003. Virginie Bourdin, sa réalisatrice est un animatrice qui va jusqu'au bout de son désir. Cursus. Entretien.
Entrevue avec Virginie Bourdin
"Tous mes amis ont fait des études en Belgique, moi je les ai regardés partir", nous confie Virginie Bourdin, essoufflée après la montée des quatre étages qui mène à nos locaux. Le premier film qu'elle ait vu ? Point ! "C'est un ensemble de films que mes parents m'ont amenés voir. J'ai le souvenir d'Excalibur, de Bambi. Mais très tôt j'ai été au cinéma seule. J'allais passer des après midi au cinéma" Ensuite la télévision ayant pris le relais, Virginie devient télévore autant qu'elle était cinéphage. A l'époque les fictions l'intéressaient davantage que les dessins animés, "pour les émotions que nous offrent le jeu des acteurs", précise-t-elle. Plusieurs films ont alors frappé son imaginaire : Camille Claudel de Bruno Nuytten et Brazil de Terry Gilliam. "Mais surtout par la démarche de Tim Burton bien que dans l'ensemble ce soit des films et moins des réalisateurs qui m'aient interpellés. Pourquoi Burton ? C'est son univers complètement poétique et déjanté que j'aime bien. C'est Edward aux mains d'argent, le petit livre qu'il a publié "l'enfant huître", l'Etrange noël de Monsieur Jack".
Ce qui passionne Virginie sont des films qui dégagent suffisamment d'émotions pour qu'on n'en sorte pas indemne. Vers seize ans, Virginie suit les courts d'une école d'art appliqué l'ESAAAT, afin de devenir graphiste et découvre, dans son école un matériel inemployé qui lui donne l'idée de passer elle-même à la réalisation. Une école qui, bien que n'ayant pas de section cinéma, possédait un matériel incroyable en vidéo "C'est pas un rêve, c'est possible !" se dit Virginie qui décide de l'utiliser. "L'animation pour moi c'est prendre une distance avec le réel, ce n'est jouer qu'avec de la métaphore. J'aime beaucoup la poésie visuelle et l'animation est un moyen d'expression facile pour cela. Dans la fiction ce qui me passionne c'est le jeu des acteurs et pour le moment je ne me sens pas prête à les guider afin qu'ils puissent reproduire les émotions que j'attends d'eux et pour l'instant, l'animation me sied tellement que je n'ai pas besoin d'aller voir ailleurs. Je fais des films parce que j'ai besoin de m'exprimer. Si j'ai besoin d'aller voir des choses sur le terrain et d'en témoigner j'en ferai un documentaire. Si j'ai un jour un scénario où les sentiments humains seront suffisamment forts je pense que la fiction sera plus adaptée. L'animation permet d'avoir une certaine distance, de styliser davantage. Il faut donc choisir le medium par rapport à ce qu'on a envie de dire."
Virginie a envie d' un métier qui puisse la faire vivre. "Et cela, ça se construit au fil des ans. Parce que ce sont des projets à long terme. Pour l'instant je suis décoratrice de dessins animés pour d'autres films en espérant pouvoir continuer mes films à côté. Il y a des réseaux, des tandems qui se font ne serait-ce qu'avec mon producteur Arnaud Demuynck. Parce qu'on à les mêmes objectifs et des projets en commun. Il n'y a pas d'histoire d'ego, le projet passe avant tout. J'ai aussi des affinités avec des animateurs comme Steven Debeuls où Efim Perlis avec qui j'ai envie de continuer à travailler. À part un clip pour l'ESAAAT, la Femme papillon est mon premier film. Je suis une graphiste de formation qui a traîné ses guêtres dans l'atelier d'animation parce qu'elle avait un goût certain pour la poésie. Graphiste, l'animation me faisait rêver."