Se retrouver à Bruxelles, rue de l’Autonomie pour réaliser une interview, ce n’est pas anodin. C’est même lourd de sens lorsque l’on sait que l’on se rend, en empruntant l’exigu conduit de l'ascenseur de l’immeuble situé au numéro 14, dans les bureaux de l’AJC ou Atelier Jeunes Cinéastes. Un atelier de production démocratique, qui permet d’ouvrir le cinéma à des gens qui n’auraient “pas le temps d’être cinéastes”. Qui n’appartiendrait pas à l'entre soi du 7e art. Et qui pourtant ont des choses à dire et à montrer.
L' AJC fête ses (presque) 50 ans
D’un Atelier, ce fameux “local où travaille manuellement quelqu'un pour son métier artisanal ou pour son plaisir”, les lieux que l’on découvre en sont la stricte interprétation. Ici, dans cet espace rempli d’âme(s), le cinéma dans la multiplicité des actions qu’il engage est artisanal et se fait avec le cœur. De l’installation du décor éphémère pour l’interview que nous réalisons, à l’accompagnement quotidien des jeunes auteurs d’aujourd’hui et de demain.
Des Jeunes, Jean-Baptiste Perrin et Kali Muhirwa, tous deux membres du conseil d’administration de l’AJC, en sont à n’en pas douter. Leur énergie, leur enthousiasme, leur engagement bénévole expliquent à merveille le dynamisme qui abonde dans les projets de l’organisation.
Cinéastes ? S’ils ne le sont pas toujours techniquement parlant, Kali étant enseignante en Sciences sociales, ils le sont certainement par passion.
Car comme prennent le temps de le rappeler Kali et Jean-Baptiste, le cinéma pour l’AJC a beau être une industrie, un business, il est aussi avant tout un art du collectif. Un “troc culturel” sourit Jean-Baptiste faisant sien les mots de Boris Lehman, passé par l’AJC comme Kita Bauchet ou Emmanuel Marre. Chacun apporte sa pièce à l’édifice, son regard, son expertise pour conseiller sur l’écriture d’une scène, aider à monter une séquence, pallier à l’absence d’un profil. Et bien loin des excès des budgets à 7 zéros, prouvent qu’on peut encore faire un cinéma libre avec un low voire un no-budget.
“Documentaires, films expérimentaux, essais poétiques, fictions, objets-cinéma, forts ou fragiles.” Cette liberté dans l’art est d’ailleurs une prérogative sine qua non de l’AJC, pour espérer pouvoir explorer une écriture cinématographique non formatée, dans un monde où le cinéma arbore, comme le dit Kali, une forme de standardisation.
Une liberté que le Cinéma Nova vient à peine de recouvrer suite au succès du crowdfunding initié pour sauver l’établissement. Pas surprenant donc que ce soit dans ce lieu mythique et tout aussi adepte de l’art de la débrouille que, le temps d’un week-end, s’y célèbre les presque 50 ans de l’AJC. Presque ? Car l’ASBL évolue un peu dans le flou concernant la véritable date de naissance du projet.
Qu’importe, c’est avec malice et beaucoup de bonheur qu’ils nous convient le 1 et 2 juin 2024 au Nova donc pour (re)voir 22 films qui ont marqué l’AJC de 1977 à 2024.
Pour danser sur un live soundtrack, et pour festoyer sur les beats endiablés d’une soirée DJ. Comme quoi l’autonomie, c’est souvent le début de grandes et belles histoires cinématographiques… et humaines !
https://www.nova-cinema.org/prog/2024/197-super-nova/a-peu-pres-50-ans-pour-l-ajc/