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La disparition de Tom R. de Paul Sirague

Publié le 05/05/2021 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Un jour, Tom était là, le lendemain, il ne l'était plus. Entre réflexion sur l'objet-film et expérimentation de la forme documentaire, La disparition de Tom R. de Paul Sirague joue sur un fait divers des années 1990 pour déconstruire le réel et jongler avec ses codes. Comment un homme peut-il, aux yeux de tous, s'évaporer sans laisser de traces ? En passant le pas d'une porte, tout simplement. Vingt-trois ans plus tard, il s'agit néanmoins d'essayer de comprendre, et de tenter de le retrouver. C'est en tout cas le postulat du film et de sa voix-off, guide du récit dans un mode de narration rappelant rapidement Chris Marker et sa Jetée. Espiègle, Paul Sirague et son équipe construisent des images simples mais qui acquièrent une complexité par le décalage de ce texte puissant, conté avec brio par l'auteur et avec une scansion parfaite, efficace. Entre mise en scène et images prises sur le vif, au détour de rencontres, le film joue sur l'esthétisation des corps, des lieux et des paysages à outrance. Une seule volonté, et pas des moindres, les rendre tangibles et tenter d'y retrouver un sens, ou une présence en tout cas, celle du disparu.

 

La disparition de Tom R. de Paul Sirague

Rien n'y fait cependant, et l'équipe de se rendre à l'évidence. Leur quête mise en scène s'est finalement muée en réflexion expérimentale et existentialiste sur le cinéma, et sur sa capacité à figer et à capter le réel. Mais peut-être était-ce déjà le but de leur recherche ? Tom R. a-t-il vraiment existé ? Une réalité de l'absence qui prend corps, car si Tom R. n'est pas, ou plus là, c'est sa disparition qui en devient palpable, omniprésente. Ce qui semblait être un film vain devient finalement une réflexion sur son propre vide, alors même qu'il est. Et n'est-ce pas d'ailleurs le cas de nombreuses autres choses ?

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