Les Rois de la jungle de Victoria Jadot

Fidèle à une esthétique directe et franche, déjà présente dans Desirée, le film de Victoria Jadot débute sur Micha, la petite sœur de Malik, que l’on suit caméra épaule à travers les quartiers de Bruxelles. La réalisatrice prend le temps d’installer les retrouvailles précaires et maladroites, hésitantes, mais magnifiques entre frère et sœur dans une virée pleine de folies et d’insouciances, de retenues et de laisser-aller, à l’image de ce vol à l’arraché et la course frénétique qui s’en suit pour rejoindre leurs amis. C’est le début d’une longue nuit, une nuit sans fin, dans un parking qui leur rappelle les choses qu’ils ont perdues, les choses qu’ils s’épuisent à retrouver. C’est la nuit sans fin, encore, et l’avènement des rois de la jungle. Les sons hip hop retentissent et rythment la soirée, les yeux fardés d’admiration, comme une ode à la liberté, celle d’occuper l’espace, de briser les codes et les frontières. Alors que leur complicité s’intensifie à mesure des séquences et rattrape le temps perdu, le drame n’est jamais très loin, au creux de la joie s’exprimant sur les lèvres des autres. Désormais, les singularités remplacent le groupe, les hommes hurlant fièrement leur cri de guerre face à une sœur consciente du drame qui l’attend, de voir son frère partir faire la guerre.

Les Rois de la jungle est une ode à la liberté et à la jeunesse bruxelloise. La réalisatrice Victoria Jadot parvient à consigner leurs moindres émotions et gestes sans mobiliser la backstory ou les origines des différents protagonistes et saisit l’immédiateté du présent qui fait chavirer le vide des existences.