Life goes on de Nicolas Monfort
Il fait sombre et à peine distingue t-on une scène de théâtre avec, en fond, un lourd rideau rouge pourpre. On entend d’abord une voix de femme « alors tu tournes à gauche… à gauche ! l’autre gauche !!! Voiiilà !! » Et déboule un fauteuil roulant à moteur guidé par un invalide cagoulé qui semble suivre les conseils sans savoir trop où il va. Campé dans son fauteuil, l’invalide est bien tassé. Invalide du haut, invalide du bas, il ne reste de lui que peu de choses qui bougent. Même son visage trahit une immobilité inquiétante quoiqu’on puisse y déceler un certain rictus. Signe d’espoir ? Ou d’un certain plaisir à se retrouver à une fête en son honneur ? Qui sait ? Il ne parle pas non plus.
Ce qui est certain par contre, c’est que c’est un miraculé qui se présente face à ses amis. C’est un retour quasi triomphal qui leur permet de voir un avant et un après accident. Avec, certes, une certaine gêne bien légitime. On peut accepter que quelqu’un change, mais tout de même, à ce point, on doit reconnaître être assez surpris et, ma foi, être gagné par un vague sentiment de corvée à faire. L’ennui guette ! La chaise roulante n’attire par les foules. Ce n’est pas comme une moto qu’on tenterait d’emprunter. Pourtant, ce petit côté pratique avec le joystick a de quoi séduire…
Texte de Thierry Zamparutti - Illustration Gwendoline Clossais