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Missing de Mathieu Donck

Publié le 07/05/2007 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

Bernard est un second rôle inutile dans sa propre vie. Et les seconds rôles au cinéma, disparaissent souvent sans explications... Bernard et Françoise, un vieux couple à l’existence morne et grise, passent le plus clair de leur temps affalés distraitement devant le poste de télévision. Un vrai couple moderne en somme...

Comme jusqu’ici, leur histoire ne mérite pas un film, un jour, un coup de téléphone vient perturber le quotidien du couple ! Bernard décroche. On lui demande de passer sa femme. Françoise prend l’appel et on lui annonce la nouvelle : Bernard a disparu ! Et malgré les véhémentes protestations de ce dernier (« Mais Mimine, je suis là ! »), bien présent, le verdict est sans appel : Bernard est introuvable. Il est devenu invisible.

Mais Bernard est incrédule : a-t-il vraiment disparu ou est-ce encore un coup de Marcel Béliveau ? Bernard se rend compte, à l’instar de Chevy Chase dans Memoirs of an Invisible Man du grand John Carpenter (vous m’excuserez, mais toutes les occasions sont bonnes pour citer Carpenter...) qu’un homme, au fil d’une vie sans éclats et sans ambition peut en arriver à s’effacer petit à petit jusqu’à disparaître totalement aux yeux du monde. Les avis de recherche sont placardés dans toute la ville et la télévision semble faire ses choux gras de cette « disparition » au grand dam de Bernard, complètement dépassé.

 

À partir de là, le cauchemar kafkaïen commence pour notre anti-héros, témoin d’une série de scènes absurdes dont il est la victime : aucun de ses actes n’a plus de conséquences, aucun mot qu’il prononce n’est entendu... Mais finalement, n’en a-t-il pas toujours été ainsi ? Il sera donc le témoin malheureux d’échanges entre sa femme et ses amies, lui confiant sans détour ce qu’elles pensent vraiment de lui. Françoise ira même jusqu’à le tromper, alors que Bernard est toujours dans le lit.

 

Déterminé à prouver son existence, Bernard doit trouver une solution, retrouver le premier rôle. Il va alors se faire passer pour son propre kidnappeur et décide de se couper un doigt pour ensuite l’envoyer à la police. Ce sera sans compter sur le caniche de sa femme passant par là avec une petite fringale. Assez drôle et bien interprété, ce petit scénario audacieux est illustré de manière simple mais efficace. On regrettera cependant des emprunts un peu trop visibles à un autre Missing datant de 2005 celui-là, dans lequel un homme trouve son avis de disparition sur un carton de lait.

 

On reconnaîtra également un dialogue tiré directement (en hommage ?) de The Big Lebowski, des Frères Coen lorsqu’un inspecteur de police ayant reçu le doigt de Bernard réplique à son collègue : « Des doigts comme ça, je t’en trouve quand je veux ! T’es vraiment naïf ! »... Jean-Luc Couchard / John Goodman, même combat ?...S’essayant à l’exercice délicat de l’absurde, Missing réussit sa mission même si son côté « jeune-cinéma-belge-revendiqué-aux-personnages-médiocres-donc-drôles » très à la mode en ce moment peut finir par agacer par sa systématicité.

 

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