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Des gens bien, rencontre avec les comédiens de la série

Publié le 20/10/2022 par David Hainaut / Catégorie: Entrevue

Des acteurs bien

Six ans et demi après avoir fait entrer les séries belges francophones dans une nouvelle ère avec La Trêve, son (décidément) exemplaire trio de créateurs - Stéphane Bergmans, Benjamin d'Aoust et Matthieu Donck - est de retour avec Des Gens bien (6 X 52 minutes), leur nouvelle série, diffusée à partir de ce dimanche 23 octobre sur La Une et Auvio. Une comédie noire et burlesque qui, au vu de ses atouts et de ses premiers échos, devrait susciter une attention. Après le croisement des réalisateurs sur le tournage l'an passé, nous avons cette fois rencontré trois comédiens : Bérangère McNeese et Lucas Meister, qui forment le couple de l'intrigue, ainsi que Peter Van Den Begin. Ce dernier est l'un des nombreux autres acteurs de ce projet belgo-français, puisqu'on rappellera l'arrivée d'Arte en coproduction avec le Fonds des Séries FWB-RTBF. François Damiens, Corinne Masiero et Dominique Pinon font aussi partie de l'aventure.

Bruxelles, dans l'après-midi de ce 12 octobre 2022. C'est dans le centre de la capitale, au Cinéma Palace, que l'équipe fiction de la RTBF a choisi de réunir comédiens et journalistes, afin d'évoquer la série Des gens bien. Cela, en amont de la diffusion le soir-même des deux premiers épisodes, devant un public de quatre cents personnes, composé d'une majorité de professionnels. "Quand on aime un projet, en faire la promotion est forcément plus gai!", nous dira d'emblée l'actrice principale Bérangère McNeese. Celle-ci a déclaré par ailleurs apprécier cette série "de tout son cœur". Les raisons de cet enthousiasme ? "Parce que les trois porteurs du projet et toute l'équipe sont supers. On sentait qu'ils avaient déjà l'expérience d'une série pour la RTBF. Et ce qui a été nouveau pour moi, c'est qu'on a pu construire ensemble mon personnage. Dès que j'ai lu le scénario, j'avais déjà envie de jouer les scènes ! Avoir ce genre de projet qui fédère, c'est vraiment précieux."

« C'était important que notre couple soit crédible » (Bérangère McNeese)

Pour trouver ce rôle de Linda, les réalisateurs ont rencontré un nombre assez important de comédiennes. Mais très vite, avec l'aide du directeur de casting Michael Bier, le choix de McNeese s'est imposé. Gérant d'un salon de bancs solaires, son personnage candide et éternellement positif ne lui ressemble pourtant pas vraiment... "Je la trouve courageuse, aussi. Moi, je suis plus cynique dans la vie. Même si au final, on se rend compte que si on arrive pas à rester positif, c'est juste parce qu'on a les jetons. Mais j'admire Linda : je tends à devenir comme elle ! (rire).

Une fois l'actrice belgo-américaine dénichée, celle-ci a ensuite donné la réplique à plusieurs comédiens pour le casting de l'autre personnage central : son mari. "Pour que la série fonctionne, c'était très important pour les réalisateurs que ce couple soit crédible, vu qu'il y a quelque chose de sous-tendu durant toute l'histoire. Il fallait donc qu'ils soient particulièrement amoureux pour faire face aux obstacles qu'ils tentent de surmonter."

« C'est grâce au COVID que j'ai pu accepter ce rôle! » (Lucas Meister)

Et cet époux, c'est un comédien français actif en Belgique depuis plusieurs années – au théâtre, surtout - qui a été dégoté : Lucas Meister, qui incarne le policier Tom Leroy. "Bérangère était donc déjà choisie quand je suis arrivé pour un essai, sans avoir d'idée précise de ce qui m'attendait. Mais elle et moi avons joué une scène drôle, et une alchimie a tout de suite fonctionné. L'aventure a commencé là !" Sorti de l'INSAS en 2015 après des études – comme ...McNeese! - de journalisme ("bien moins passionnantes que prévues pour moi!"), l'acteur a aussi été aperçu dans plusieurs courts-métrages et dans La Trêve, où il jouait l'un des petits rôles. Celui qui confie apprécier l'ouverture d'esprit de notre pays écume les planches à un rythme soutenu. "Mais grâce au... COVID, je me suis pour une fois retrouvé avec un grand vide dans mon agenda. C'est ce qui m'a permis d'accepter ce rôle, sans quoi ça aurait été très compliqué ! Car entre la fiction et les planches, la temporalité n'est pas du tout la même: au théâtre, les pièces sont prévues longtemps à l'avance, contrairement aux films et aux séries. Ce n'est donc pas évident de se libérer pour un tournage qui dure des mois."

À l'avenir, Meister espère néanmoins cumuler les deux. "Mon agent vient de me dire que je devais faire une vidéo pour mieux me vendre (sourire). Le théâtre m'est cher et j'y suis heureux, mais ce rôle, qui m'inquiétait vu ma faible expérience dans le genre, m'a donné goût à ce métier assez différent. C'est un projet où j'ai beaucoup appris, d'autant que Matthieu Donck connaît bien le théâtre, où il m'a vu jouer, ce qui a facilité notre dialogue. Il travaille comme artisan." En attendant, celui qui fait partie d'un groupe théâtral (Mouton Collectif) prépare une pièce adaptée d'un scénario de Luchino Visconti, avec le metteur en scène Salvatore Calcagno.

«Tourner une série au moment où des gens perdent leur maison, ça fait réfléchir » (Bérangère McNeese)

Mis en boîte pendant l'été 2021, le tournage a hélas dû être confronté aux inondations, devant même brièvement s'interrompre, ce qui a fortement marqué l'équipe. Bérangère se souvient : "Ces événements sont arrivés vers la fin de nos prises de vue. Voir ces zones sinistrées pendant qu'on tournait, ça remet forcément en perspective le métier qu'on fait. Car se rendre compte que pendant qu'on fabrique une série, des gens perdent leur maison, ce n'est pas simple de continuer, en gardant en plus le même entrain et la même force. Plus grand-chose n'avait du sens, en fait..." À présent, McNeese espère que Des gens bien trouvera son public, face à la masse de séries actuelles. Bien qu'elle garde en tête les réactions particulièrement positives du public et de la critique en France, lors du tout premier dévoilement de la série au Festival Série Mania de Lille, en mars dernier. "Pour l'instant, je me sens anxieuse, fière, heureuse... Mais la cerise sur le gâteau, ce serait que la série puisse plaire autant aux gens. Et alors, ce qui serait la meringue sur la cerise du gâteau, ce serait d'avoir le feu vert pour la deuxième saison ! (rire)".

Dans un premier temps pensée sur trois saisons, la série pourrait finalement se boucler par une seconde, en cours d'écriture. Mais on reverra McNeese, qui tournait ces jours-ci dans Veuillez nous excuser de la gêne occasionnée, le prochain film d'Olivier Van Hoofstadt (Dikkenek), alors qu'elle sera au générique des prochains longs-métrages de François Pirot (La vie dans les bois) et d'Ivan Goldschmidt (Demain si tout va bien), sans oublier d'autres séries (Braqueurs, HPI et Toulouse-Lautrec). Tout en restant réalisatrice, puisqu'après trois courts-métrages remarqués depuis 2015 et des épisodes de la série Baraki, elle projette les réalisations d'un premier long-métrage et d'une série. "Étant superstitieuse, je préfère ne pas trop parler de ça (sourire). Mais j'ai autant envie de continuer de jouer que d'écrire mes histoires. Comédienne, ça reste quand même particulier, car vous êtes constamment dépendant du désir de quelqu'un. Mais ce nouveau terrain de jeu offert par les séries en Belgique, certaines ayant un bel écho international, ça offre quand même de nouvelles perspectives. Ça change du paysage que j'ai connu en débarquant dans ce métier."

« Après avoir lu mon rôle, j'ai immédiatement dit que je le voulais. » (Peter Van Den Begin)

Enfin, visage bien connu au nord du pays et apparaissant régulièrement dans des productions francophones (L'Ennemi de Stephan Streker, la série Pandore...), Peter Van Den Begin assure la présence flamande. "Bon, mon français n'est pas encore au top, mais jouer dans la langue de l'autre communauté, c'est forcément enrichissant. Pour cette série, c'est particulier, car j'avais un petit rôle dans La Trêve 2 avec les mêmes réalisateurs, mais il a été coupé au montage ! Matthieu Donck m'avait alors téléphoné pour s'en excuser, et je lui ai répondu en riant que s'il refaisait quelque chose, de penser à moi pour ne pas mettre en péril notre amitié (rire). Ce que le trio a fait, puisqu'ils m'ont appelé au moment où ils écrivaient Des gens bien, en m'annonçant même qu'un rôle avait été pensé pour moi. J'ai donc lu le scénario, et comme il était très bien écrit, j'ai immédiatement dit que je voulais le faire." Van Den Begin joue Serge, l'énigmatique cousin de Linda, tout juste sorti de prison. "C'est un personnage spécial et drôle malgré lui. Lors des répétitions avant le tournage, on a cherché où lui mettre certaines limites, pour ne pas qu'il soit caricatural. Et je crois que ça marche...»

Dans quelques mois, Van Den Begin, également acteur au théâtre, apparaîtra dans l'ambitieuse série 1985 – 100% belge, celle-ci est coproduite par la VRT et la RTBF - centrée sur les tueries du Brabant. "N'oublions pas qu'on reste un petit territoire. C'est donc une bonne chose pour tout le monde que Flamands et Francophones puissent collaborer ensemble. C'est peut-être même l'avenir du cinéma belge..."

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