Des gens sans importance
Filmé comme un long reportage, On the Edge of Happiness plonge dans le microcosme d’une famille bulgare de sans-abris installée illégalement dans la zone industrielle de Gand, en bordure de la ville. Une famille ? Plutôt un groupe… Si Stefan (la cinquantaine) et Niki (la quarantaine) agissent comme des frères, leurs liens de parenté ne sont jamais clairement établis. Le documentariste Wil Mathijs les a suivis pendant sept mois, entre 2014 et 2015. Vêtus de guêtres, les mains sales, le regard fatigué et las, ils recyclent tout ce qu’ils peuvent trouver dans les décharges et la forêt environnantes ou dans les poubelles de la ville : du bois pour le feu, des aliments de supermarché périmés... Ils vivent sous un branlant abri de fortune maladroitement assemblé avec quelques tôles et du fil de fer, sans douche ni toilettes, qui ferait passer la case d’un bidonville de Manille pour un palace. De leur vie antérieure, rien ne semble avoir subsisté. Ils n’ont pas de cartes d’identité. Pas de papiers donc pas d’aide sociale, pas de droit au chômage, pas de nourriture… pas de maison… « pas de chance ! », déclare Stefan, la mort dans l’âme, avec le peu d’humour qui lui reste, l’énergie du désespoir…