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Rencontre avec Alice Khol, pour l'exposition «Photographie de plateau» du Festival Les Enfants Terribles de Huy (18 au 21/10)

Publié le 18/10/2018 par David Hainaut / Catégorie: Événement

« Photographe de plateau peut encore être un métier utile » 

Parmi les événements de la sixième édition du festival belge (18 au 21 octobre) dédié aux premiers courts-métrages européens, se tient une exposition de photographies de tournages de films belges, qui se prolongera au Centre Culturel de Huy durant un mois.
Des clichés pris par Alice Khol (Alice Petraud, de son vrai nom). Avec son appareil, cet artiste diplômée de l'École Agnès Varda se balade sur les tournages depuis quelques années, avec à son actif, des reportages sur les plateaux de Nabil Ben Yadir (Dode Hoek), Matthieu Donck (La Trêve) ou de Samuel Tilman (Une part d'ombre). Entre autres.

Rencontre avec cette Grenobloise discrète vivant depuis une décennie à Bruxelles qui, après avoir œuvré pour le Festival Méditerranéen de Bruxelles, a été photographe officielle pour le Festival de Cannes. Également diplômée en communication et en cinéma, elle a des projets de réalisation de documentaire, après un premier court expérimental (Cure), sélectionné dans plusieurs festivals en 2016.

 © Alice Khol

 

Cinergie: Ce n'est pas la première fois que vous exposez vos photos dans le cadre d'un festival...
Alice Khol: C'est vrai, je l'ai fait une première fois en 2016 à Bruxelles, lors du Be Film Festival, avec une sélection forcément différente, à l'époque. Le vernissage se tient ce jeudi 18 octobre au Centre Culturel de Huy, en préambule du Festival qui dura jusqu'à dimanche. Mais l'exposition y restera un mois.

C. : À quand remontent vos premières photos sur un plateau?
A.K.: Il y a cinq ans, sur le tournage d'un court-métrage de Nicolas Monfort (Le Colocateur). J'ai enchaîné avec d'autres courts, pour François Bierry (Solo Rex) ou Alexis Van Stratum (Albertine). Avant progressivement d'arriver sur des longs-métrages et des séries, notamment grâce à une collaboration avec un site internet, Un Grand Moment de Cinéma, où j'en a fait le plus. Ce furent de premières expériences intéressantes, à un poste plaisant, où l'on peut prendre le temps d'observer.

 

© Alice Khol

 

C. : On dit souvent que photographe de plateau n'est plus un métier à part entière. Vous confirmez ?
A.K.: Personnellement, je n'en sais rien! Mais quand j'ai demandé conseil à un spécialiste expérimenté de ce domaine en Belgique, Marc Bossaerts, celui-ci m'a dit que plus personne n'en vivait. Je dirais que c'est plutôt une chose qu'on peut faire parmi d'autres, car on sait qu'avec l'évolution de la technologie, chacun peut aujourd'hui facilement prendre une photo, y compris un technicien de plateau. Certaines affiches de film se font même parfois avec des captures d'écran! On comprend donc que souvent, ce poste-là saute d'un générique. Mais cela peut toujours être utile pour des demandes spécifiques, pour de la promotion ou la presse. Voire pour même des souvenirs...

C: Se retrouver photographe officielle au Festival de Cannes, c'est plutôt loin d'être anodin, non?
A.K.: Oh, ce qui s'est passé, c'est qu'en 2016, je cherchais un motif pour retourner à Cannes, car jusque-là, je m'y rendais comme programmatrice pour le Festival Méditerranéen, ce que je n'étais alors plus. N'ayant plus aucune raison d'y aller, ni l'envie de faire la pique-assiette (sourire), j'ai postulé comme photographe sans trop y croire. Or, j'ai été prise! Je pense que connaissant l'organisation d'un festival et la photo, cela a joué en ma faveur. Ce fut pendant deux ans mon expérience la plus instructive, ayant pu faire l'affiche de l'édition 2017 de la Semaine de la Critique. A présent, je me concentre sur mes propres projets, de réalisation notamment.

C: Justement, entre photographie et réalisation depuis peu, comment partagez-vous votre temps?
A.K.: ...et j'ajouterais à cela l'écriture pour réaliser! C'est difficile à mesurer, car tout cela est récent. En arrivant en Belgique il y a dix ans, en parallèle à mes études de photo, j'ai commencé comme bénévole, puis assistante, vidéaste et programmatrice de festivals. Via ceux du Court-métrage de Bruxelles, de Namur et le Méditerranéen, j'ai occupé tous ces postes. Jusqu'à devenir réalisatrice et monter moi-même sur scène présenter Cure, un premier court-métrage documentaire que j'ai moi-même produit. Le tout à présent, c'est d'être son propre chef et d'avoir la force de caractère pour bosser seul, de chez soi. Mais c'est le lot de tous ceux qui écrivent et produisent de l'art. Il faut s'y mettre, car personne ne vous attend et il faut jongler entre les projets qui vous nourrissent et ceux qui vous financent...

C: Et comment envisagez-vous la suite?
A.K.: Au niveau des photos de plateau, j'ai encore des commandes, ainsi que dans l'événementiel ou pour des portraits. En ce moment, je réalise de petites vidéos pour les 70 ans des Midis de la Poésie et j'ai trois clips en prévision, autour de musique électro et de hip hop. Puis, deux projets de documentaires en cours, assez intimes, mais qui sont encore trop loin d'un aboutissement pour en parler. Mais je collabore pour la première fois avec une production, à qui mon profil semble avoir plu. Même si on le sait, et c'est encore plus valable dans le documentaire que dans la fiction, tout cela reste financièrement fragile. La préparation de ces documentaires occupe en tout cas la majeure partie de mon temps, actuellement...

 

© Alice Khol

 

C: Cela dit, à 36 ans, vous semblez dans les temps, non?
A.K.: (Sourire) J'ai quand même mis un temps avant de me sentir artiste, puisque j'ai commencé la photo vers 27 ans, seulement. Et je suis loin de tout connaître en cinéma, où je découvre et m'émerveille toujours. Mais ayant envie de poursuivre dans le documentaire, je me me suis forcément intéressée au genre. J'aime l'expérimental mais aussi l'humour. Pouvoir utiliser des images du réel, créer un décalage avec le son au montage, c'est quelque chose qui me plaît. Dans le docu, la distance avec la fiction est parfois infime, car on peut parfois improviser, mélanger des histoires et donner de l'émotion en orientant les choses comme on l'entend. Je dis cela en étant encore novice, mais voilà, c'est ce décalage-là qui me touche. Et c'est passionnant d'essayer de trouver sa patte, son style si je peux dire, tant il y a d'ingrédients fascinants dans la réalisation. Moi qui ai longtemps été timide, je me sens d'ailleurs un peu hyperactive, là! (rire)

https://festivallesenfantsterribles.wordpress.com/exposition/ 

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