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Sur le tournage de Joséphine

Publié le 01/04/2003 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Tournage

Douze personnages en quête d'ascenseur

 

Sur le tournage de Joséphine 

Plan

Nous avons entendu dire que Joséphine était un texte de Kafka écrit au début du siècle dernier ("Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris"). D'un autre côté nous avons entendu dire que Joséphine était le prénom féminin de Joseph. La vérité, en ce jour du mois de mars où votre serviteur se dirige vers le tournage d'un film, du côté de la place Keym à Watemae -Boisfort, c'est qu'il s'agit du titre d'un court-métrage. Joséphine serait-elle incarnée par la fille qui nous dépasse et entre sur le plateau en portant un sac fourre-tout, en bandouillère, couleur sable qui attire notre regard par son volume. Le genre de sac dans lequel on trouve tout : du parfum aux cigarettes en passant par la trousse de médicaments, le bloc-notes, le foulard indien et dans lequel un farceur pourrait aisément dissimuler une barquette de raviolis sans qu'on remarque quoi que ce soit !

 

Sur le tournage de Joséphine
D'emblée nous assistons à la mise en place d'un plan qui voit Augustin relever la manette -en maugréant -de l'ascenseur afin de permettre aux habitants de l'immeuble de regagner leurs pénates ! A coté de nous Frank Vandeneeden, le chef op, l'oeil scotché à l'oeilleton d'une Moviecam campée sur une dolly Pee Wee. - à l'aide d'objectifs Leitz, c'est suffisamment rare que pour être mentionné - cadre Augustin (Philippe Grand'Henri) que les habitants somment de mettre l'ascenseur en marche. Celui-ci est un maniaque de vieilles radios (genre transistor des années cinquante ou vieux postes TSF, en bois) qu'il retape consciencieusement. Le déranger dans ce boulot d'artiste ne le met pas particulièrement de bonne humeur. "Je veux que l'ascenseur descende !!! Je veux que l'ascenseur descende" crient, en off, Jos (Bouli Lanners) et Rita (Sarah De Roo). L'ascenseur, Augustin, il s'en tape puisqu'il ne l'utilise guère ! C'est du moins ce que lui explique à grand renfort de gestes en français et en flamand Joël Vanhoebrouck, le réalisateur que nous avons eu l'occasion de rencontrer comme assistant sur Un Honnête commerçant de Philippe Blasband.

 

Le réalisateurSur le tournage de Joséphine

"C'est mon premier court métrage professionnel, nous confie Joël Vanhoebrouck, le réalisateur, après celui que j'ai réalisé, il y a 6 ans, en sortant du Ritz et qui a été présenté au festival Leuven Kort. Sinon je me suis amusé à faire des tournages comme régisseur et puis j'ai commencé l'assistanat sur des films qui étaient tout aussi bien flamands que francophones. Pendant que je préparais le long métrage de Philippe Blasband, j'ai avoué à Sylvie Van Ruymbeke que j'étais un peu frustré de ne faire que de l'assistanat dans la mesure où l'on touche rarement au côté créatif du cinéma et lui ais fait part de mon désir de passer à la réalisation. Elle avait un scénario, Joséphine et elle me l'a proposé. Je l'ai lu et j'ai trouvé que c'était un court métrage parfait pour débuter. Parce que ce n'est pas trop proche de moi, je peux y mettre une certaine distance. Ce qui me permet d'exploiter mon côté réalisateur et que mon côté auteur que je n'ai pas encore assez développé que pour pouvoir raconter des choses plus intimes. Ici il y a douze personnages et rapidement on a eu des idées de casting. J'ai seulement rajouté le fait que ce soit bilingue parce que c'est très proche de moi qui suis bilingue et me trimbale sans cesse tant du coté francophone que du coté flamand. Tout comme dans l'immeuble où plein de gens se croisent. J'habite dans un immeuble semblable. C'est un bâtiment bruxellois où les deux communautés linguistiques se croisent. D'où le désir de travailler avec des comédiens et une équipe mixte."

 

Casting

Sur le tournage de Joséphine
"Chaque personnage a son importance", poursuit-il, "certains plus que d'autres mais un des personnages principaux c'est non seulement le bâtiment mais surtout l'ascenseur. C'est un lieu de rencontres qui catalyse les histoires qui s'y déroulent. Tout ce qui se passe cette journée-là est la conséquence d'un ascenseur qui se bloque - exprès ou non. C'est une sorte de mini Short Cuts. On laisse la possibilité au spectateur de choisir davantage un personnage qu'un autre. Il peut sympathiser avec Augustin, Jos, ou Rita, etc. Trouver le décor approprié était très important pour bien mettre en valeur les personnages. A l'origine on pensait à quelque chose d'un peu plus triste et finalement on a opté pour quelque chose de plus beau et le décor est donc devenu un personnage à part entière. J'ai vu les rushes et c'est bien ce que voulais. J'ai choisi des comédiens au physique bien défini. Je ne pouvais pas faire le film sans avoir des tronches. J'ai pris des gens que je connais : Serge Larivière, Yolande Moreau, Bouli Lanners. Même chose du coté flamand. Quand on n'a que douze minutes de films et douze personnages on doit pouvoir rapidement présenter le personnage. On n'a pas le temps de trop finasser. C'est pourquoi on a pris des personnages aussi typés."

 

Promotion

Lorsque nous lui demandons si la promotion du cinéma en Flandre est semblable qu'en Communauté française, il nous précise : "du côté flamand il y a une réelle promotion des comédiens. Ils n'hésitent pas à passer dans des jeux télévisés, ou des émissions de chansons ou de Karaoké. Donc on les voit constamment. On crée des vedettes avec des inconnus mais aussi avec des comédiens et même des réalisateurs. Peut-être faudrait-il faire la même chose du côté francophone. Amener les comédiens francophones davantage sur les plateaux de télévision. Il faut évidemment faire attention de ne pas tomber dans des jeux débiles. Je remarque qu'en France les comédiens ou les réalisateurs passent chez Drucker ou Sébastien. Ça permet d'entrer dans l'intimité des gens et lorsqu'un film passe les gens connaissent déjà les comédiens qui y participent."

 

Production

"Une production franco-flamande, ce n'est pas fréquent mais pas exceptionnel, nous confirme Stephan Quinet (Media Services) qui coproduit Joséphine avec Rudolf Mestdagh (Cosmo-Kino). D'ailleurs c'était le cas de Hop le film de Dominique Standaert. C'est mon premier projet en tant que producteur délégué et j'espère que ça va continuer."

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