Future capsule humoristique destinée à la RTBF, Les Chroniques du Charbon est un projet créé par Baba Nezar, comédien qui s'est déjà fait remarquer dans le stand-up et qui signe là son premier scénario, co-écrit avec un autre jeune humoriste (Mizoo Point) et produit par la jeune coopérative Big Trouble in Little Belgium.
Été 2022, Mons. Plus exactement à la Cité des Aubépines de Saint-Ghislain, au dernier jour d'un tournage chaud, ensoleillé et - un peu - tendu pour la petite équipe des Chroniques du Charbon. Quel est donc le titre de cette nouvelle mini-série belge, dont l'action a la particularité de se tenir dans un lieu aussi unique que particulier: un canapé, au bas d'un immeuble. Pendant que les techniciens s'affairent, Thibaut Dopchie, le producteur, se trouve lui à quelques pas de là. Il décrit le contexte : "En fait, cette série était en gestation depuis un bon bout de temps, puisque nous étions déjà partis sur la réalisation d'un pilote. Avant même de savoir qu'il y aurait un appel à projets de la RTBF !."
Quant à l'histoire, Dopchie détaille : "C'est celle d'un jeune rêveur comme on en connaît tous, dénommé Mizoo (Hamza Essalouh), qui veut à la fois devenir humoriste et botaniste bio. Sauf que pour le moment, il reste juste en bas de chez lui à bavarder avec des potes et à se faire enguirlander par une mère qui crie depuis le septième étage. Mais son quotidien bascule le jour où son grand frère (Baba Nezar) se fait arrêter par la police. Mizoo doit reprendre le travail de son frère, ce qui va l'amener à découvrir un monde qu'il ne connaît absolument pas. C'est alors qu'on glisse vers la comédie".
Démontrer que des tournages peuvent parfois se faire ailleurs qu'à Bruxelles ou à Liège – qui, il est vrai, dominent souvent les productions belges -, tout en mêlant des comédiens et des techniciens expérimentés à des débutants, telles sont quelques-unes des ambitions de ce projet. Dopchie enchaîne : "Autour de nos néophytes, on a par exemple au casting des routiniers comme Mourade Zeguendi (Les Barons, Dikkenek), Julien Courbey (Les Anges gardiens), Bwanga Pilipili (Fils de) ou Francisco Luzemo (Juwaa). Et c'est pareil derrière l'image : on a des gens qui sont là pour en guider d'autres, qui en sont parfois à leur toute première expérience. Il faut dire aussi que tout s'est vite enchaîné: on a appris la validation de notre projet par la RTBF en janvier dernier, avant d'entamer l'écriture de vingt-cinq épisodes de trois minutes. Puis de mettre en route le projet, pour pouvoir commencer à tourner en juin. Mais bon, tout ça a également créé un enthousiasme et une émulation dans l'équipe, ce qui a permis de tenir ces délais assez rapides."
Arrivée assez discrètement dans le paysage en 2019, l'atypique Big Trouble in Little Belgium, seule coopérative de fiction dans le milieu belge francophone, continue donc son développement, avec un certain dynamisme et même de la réussite, déjà. En mai dernier, la boîte a présenté son premier court-métrage au Brussels Short Film Festival, Ma Gueule (Grégori Carloni & Thibaut Wohlfahrt), qui y a trusté trois prix, et non des moindres : celui du meilleur acteur, celui du public et celui d'Arte : "Trois récompenses là-bas pour un tout premier film, ça nous a fait repartir des étoiles plein les yeux, en nous disant qu'on n'était pas tout à fait à côté de la plaque par rapport aux projets qu'on soutient. Cela donne forcément envie de continuer, même si on se prend beaucoup de refus et de claques pour des projets qu'on croit parfois bien aboutis. Alors que d'autres passent sans problème. Mais voilà, c'est le jeu et il faut l'accepter."
La boîte vient par ailleurs de sortir une série Le Trou (10 X 15 minutes) sur Auvio, la plateforme virtuelle de la RTBF, et mettra cet été une autre série courte en boîte pour la chaîne publique dans le Brabant Wallon, intitulée Wamurzelles. Toujours en y allant pas à pas, avec en parallèle des projets de podcasts, de documentaires ou de plus longs formats. "Nous n'existons que depuis trois ans, mais il n'y a vraiment que depuis un grosse année et demi qu'on est actifs. On reste une jeune structure, qui est donc encore faillible. Mais solidaire aussi, et soucieuse de toujours apprendre de ses erreurs. Ce qui nous fait en tout cas plaisir, c'est que des gens nous disent de plus en plus que l'idée d'une coopérative dans le cinéma est intéressante. Que l'accès à ce milieu parfois réputé inaccessible semble moins inabordable. Et tant mieux, car cela fait partie de notre volonté aussi. Je pense qu'il y a là aussi le reflet sociétal de toute une génération qui a envie de découvrir d'autres manières de travailler, dans d'autres conditions et avec plus de transparence, dans un milieu qui en a bien besoin à mes yeux. C'est d'ailleurs plaisant de voir des personnes qui viennent nous voir justement dans l'idée de dupliquer notre modèle."
En guise de conclusion, Dopchie indiquera que Les Chroniques du Charbon constitue une sorte d'étendard pour sa boîte. "Avec de jeunes créateurs issus un peu de nulle part, qui ont appris sur le tas et apprennent encore. Et qui ont envie de montrer que dans ce métier, on peut faire les choses de façon bienveillante, même en dehors des filières classiques." À l'origine du projet, on retrouve ainsi un autodidacte, le Montois Baba Nazar, qui a fait parler de lui sur la scène belge en gagnant il y a trois ans le "Next Prince Of Comedy", organisé par le King of Comedy Club à Bruxelles. Quant à la réalisation, elle a été confiée au toujours discret Benjamin Viré (Bakolo Music International, Le Trou), ces deux derniers faisant également partie de la coopérative. Benjamin Bamba, Igor Prignon, Beno Lazar et Aline Lynn sont les autres noms à suivre dans cette aventure, dont on verra l'aboutissement début 2023, sur la RTBF (Tipik et Auvio, donc).
