Zaad de Dries Meddens

Le long métrage est rythmé par les photos et les vidéos présentant les trois générations précédant le protagoniste, que ce soit au sein de leurs foyers ou ailleurs, mais aussi ses progénitures. Parallèlement, Dries partage à un psychiatre ses craintes liées à sa propre santé mentale, au deuil, au vertige qu’il a ressenti au moment de ces deux événements consécutifs tragiques alors que sa vie d’adulte prenait tout juste forme. Comment a-t-il par la suite pu manifester un enthousiasme vital ?

Probablement à travers son art, la paix conclue avec son passé et son avenir. Le cinéaste nous raconte aussi comment il est parvenu à voguer à travers les différents états mentaux de son père dont l’existence est dépeinte comme riche malgré tous ces drames. Il dénonce aussi en filigrane les prescriptions de médicaments à outrance que son père a dû prendre, qui ont engendré des effets secondaires à cause de leur combinaison. Il développe ainsi un regard critique par rapport à la psychiatrie en célébrant une expérience subjective des traitements de maladies mentales. La bipolarité ne serait pas qu’une somme de facteurs sociaux, médicaux ou héréditaires, mais constituerait aussi le terreau d’une sensibilité, elle-même source d’une créativité. Le fils du cinéaste s’adonne à la peinture, comme son père et son arrière-grand-père, et la fille est passionnée par la génétique, ce qui reflète un bel hommage à cette famille traversée par tous ces maux et leur expression.  Nous sommes ainsi confronté·e·s à des réflexions sur la place de la famille dans nos vies, à ses fardeaux et à cette liberté qu’elle procure parfois, à cette manière dont génération après génération nous sommes amené·e·s à transformer la douleur et le vécu de nos aïeux à travers nos choix de vie, consciemment ou non.