Dans Partitions d’instinct, nous découvrons le formidable projet artistique réalisé au sein des services hospitaliers de l'hôpital Vinatier à Lyon où des jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans, accompagné·e·s de leurs frères et sœurs et de certains membres du personnel soignant, exécutent une œuvre vibrante d’expression corporelle et de danse.
Partitions d’instinct de Pierre Schonbrodt

Iels partagent d’abord toustes à la caméra leur première expérience de la maladie mentale, synonyme d’une certaine rupture avec la réalité voire parfois d’une hospitalisation. Pierre raconte par exemple comment sa bipolarité lui est tombée dessus, comment son esprit l’a leurré en lui faisant croire à certains traits surhumains de sa personnalité. Nizar retrace, quant à lui, un accident de voiture où il s’est retrouvé hors du réel, comme dans un jeu vidéo. Ses sensations semblaient être éprouvées par un autre. Comment alors une amélioration de leur santé mentale peut-elle s’inscrire définitivement dans leur identité ? Voilà probablement une question rhétorique, mais à travers la préparation de ce spectacle, tous ces individus aux troubles divers et variés se sont unis pour se reconnecter à leurs corps, reprendre confiance en leur humanité et en celle des autres. Ils ont aussi appris un nouveau sens de la responsabilité en s’engageant dans un projet sur le long terme, là où beaucoup d’entre iels occupaient une place limitée et stigmatisée dans la société, limitant leurs perspectives d’avenir. Ces chorégraphies les désinhibent, leur révèlent une nouvelle part d’iels-mêmes emplie d’espoir, en dehors de leur propre esprit étriqué, qui dépasse leur douleur vivide, leur vision négative et restrictive d’iels-mêmes, tout en enrichissant et dynamisant les relations soignants/patients existantes. Ce projet, comme ce film, pourrait inspirer toute société désireuse de soigner ses citoyens fragilisés par des moyens alternatifs aux approches médicamenteuses qui entravent un certain retour à l’écoute du corps et à une libre expression du corps.