Beyond the sea de Hippolyte Leibovici

Roulement de tambour, vibrations de cymbale, petit solo de batterie, dynamique de scène avec à l'image une personne assise de dos qui dégage de légères volutes de fumée face à un miroir de maquillage. Le décor est typé d'une nostalgie pour les vieilles loges jamais dénuées de charme et d'une ambiance mystérieuse, très personnalisée. De face, le visage, blanchâtre, mais pas trop, avec de longs cils finement noircis, aux lèvres rougies sans excès ni brillance, révèle une drag queen grisonnante. Après trente années de spectacle, elle savoure avec son assistante l'instant précédant la dernière séance en la rassurant d'une voix grave qui souligne avec élégance l’ambiguïté charmante du personnage.

Lady Casca est la patronne du Cabaret de la Mer où se produisent la nouvelle génération d'artistes et un(e) philosophe de la vie. Dans cette vie, son fils, jeune adulte abondamment pailleté, chaloupe entre deux mères dont l'une vient de quitter ce monde laissant le(a) p(m)ère survivant(e) en proie au doute, au chagrin, aux regrets et face à l'impossibilité de renaître en ce qu'elle ne peut être. Certes, face à ce fils qu'il a à peine accompagné, elle doit trouver son chemin de résilience à la veille de sa retraite. La question de la famille et des mœurs en évolution s'invite accompagnée d'une composition musicale qui les adoucit et donne du peps à un ensemble drag chamarré, où tous et toutes sont en somme les enfants de la matriarche. 

« Un enfant... c'est bien, mais c'est envahissant » largué dans un soupir en dit beaucoup sur la difficulté d'assumer à une certaine époque le rôle d'un père en perte de repères. Cependant, l'opportunité peut toujours se présenter de retisser le lien p(m)aternel. Il faut simplement la saisir.