La mélancolie est douce
L'événement cannois 2009 fut, pour la Belgique, non pas le couronnement du cinéma en Communauté française, dont on espérait une présence prestigieuse, mais bien la Communauté flamande. Trois longs métrages étaient reçus avec beaucoup d'attention par nos collègues critiques de cinéma. Étonnamment, la presse francophone belge est restée assez discrète sur leur passage. Doublement pénalisés, par leur origine linguistique (du côté francophone) et par leur genre (du côté néerlandophone), les films de Caroline Strubbe, Dorothée van den Berghe et Felix van Groeningen sont des objets atypiques qui provoquent la méfiance. Notre désir de les rencontrer en était d'autant plus fort !
Première sortie prévue par la grande chaîne de distribution flamande, Lost Persons Area de Caroline Strubbe.
À la vision du film, nous sortons totalement désarçonnés par la beauté mélancolique qui s'échappe du paysage lunaire des champs de pylônes, des regards et des corps des protagonistes pris en otages de leurs propres rêves. Il nous vient l'envie de réconforter ces êtres qui butent sur leur destin.
Partis à la rencontre de la réalisatrice, nous avons découvert une jeune femme plantée fermement sur ses deux jambes, parlant de ses doutes avec sérénité et du plaisir qu'elle a d'innover dans sa créativité, soulignant, avec insistance, les notions de spontanéité, d'authenticité et sa vision organique des choses.
Rencontre avec une jeune cinéaste qui n'en est qu'à son premier long métrage mais dont le talent est certain !