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Deep Fear de Grégory Beghin, disponible en VOD

Publié le 27/06/2022 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

La traversée de Paris

1991. Trois étudiants en manque de sensations fortes – Sonia (Sofia Lesaffre), Henry (Victor Meutelet) et le pleutre Max (Kassim Meesters) - accompagnés de leur guide, Ramy (Joseph Olivennes), décident de visiter illégalement les catacombes de Paris pour fêter l’obtention de leur diplôme. Sous les égouts, le métro, sous le métro… l’inconnu ! Une fois sous Paris, ils découvrent une faune de « cata-philes », des explorateurs urbains qui arpentent les moindres recoins de ces endroits mystérieux, laissés à l’abandon depuis des dizaines d’années.

Deep Fear de Grégory Beghin, disponible en VOD

« En bas, c’est un monde libre, il n’y a pas de règles, c’est un peu comme le milieu de l’océan : ça n’appartient à personne, c’est chacun pour soi… Y’a pas mieux pour allier interdit et liberté ! » Ca, c’est pour la brochure touristique, une formule prémâchée que débite le guide pour vendre du rêve à nos explorateurs du dimanche. Pas de chance pour le groupe, c’est justement ce weekend-là qu’une bande de néonazis idiots (pléonasme !) décident eux aussi de s’offrir des leçons de spéléologie. Autant dire que les origines et la couleur de peau de Sonia ne sont guère à leur goût ! Après une altercation, nos jeunes héros s’enfuient et trouvent un accès vers la mythique « Zone blanche », que tous les explorateurs cherchent en vain depuis belle lurette. Mais au lieu des trésors cachés espérés, ils se retrouvent coincés dans un bunker nazi avec un mystérieux croquemitaine qui les pourchasse dans des couloirs mal éclairés tandis qu’une créature vorace commence à déguster une bonne partie du casting. 

Creep (2004), The Descent (2005), The Cave (2005), Sanctum (2011), Catacombes (As Above, So Below, 2014), Exit (Cutterhead, 2018) : ce ne sont là qu’une poignée de thrillers claustrophobes qui, de récente mémoire, ont piégé des malheureux sous les profondeurs de la terre, avec des goules affamées ou des chauves-souris mutantes aux fesses pour les moins chanceux d’entre eux. A cette liste vient aujourd’hui s’ajouter Deep Fear. De Grégory Beghin, réalisateur de la websérie Burgland et co-réalisateur en 2020 de la farce potache Losers Révolution, on ne peut pas dire que l’on attendait monts et merveilles. La bonne surprise n’en est que plus agréable, car le réalisateur signe une authentique, bien que modeste (le manque de budget se fait parfois sentir) réussite du genre. 

En s’emparant d’un sous-genre ludique et toujours fascinant, en le mâtinant d’un soupçon de « nazisploitation », d’une lichette de gore et d’un bon doigt de suspense, Beghin signe une réjouissante, bien que fort classique série B qui vire au Z lors d’un dernier quart d’heure très amusant. Certes, la même histoire a déjà été racontée (en mieux) dans le survival allemand Urban Explorer, d’Andy Fetscher, projeté au BIFFF en 2011, mais cette virée dans les catacombes parisiennes palie son manque d’originalité par son enthousiasme, par son décor anxiogène à souhait et par la présence d’un méchant très sadique qui rappelle le bon vieux temps des nanars des productions Eurociné. Allant à l’essentiel (1h19 au compteur, générique de fin compris), Deep Fear ne révolutionne pas le cinéma d’horreur, loin s’en faut, mais lui fait une déclaration d’amour d’une sincérité désarmante. 

Soutenu par le Fonds Wallimage et tourné en majorité en Belgique, Deep Fear est le premier chapitre des Black Swan Tales, un label franco-belge consacré aux films de genre, initié, du côté belge, par François Touwaide (la série Ennemi Public). Vivement la suite !

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