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Entrevue avec Alexis Vokaer

Publié le 01/04/2002 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Entrevue

Driiiiiing ! "M'enfin !" (Gaston ?), entend-t-on dans le parlophone, c'est-à-dire la voix d'Alexis Vokaer lauréat du Prix Cinergie.be au récent Festival du dessin animé. Il débarque, hops, houps, avec nonchalance, Il a quarante minutes dans la vue. Il s'est perdu, a oublié le numéro de la rue. Nous le soupçonnons d'avoir soufflé dans un bombardon sous les oreilles de l'agent Lontarin. En réalité il joue de la guitare électrique dans un groupe de rock métal. "Géant, mec", commente Jules-de-chez-smith-en-face ! Gaston-Alexis nous gâte! Àcôté de lui, avec ses dreadlocks blonds à la Iman Bowie, son foulard palestinien, son pull gris dégriffé GAP, son sac de toile avec l'effigie de Che Guevarra, on a l'impression de ressembler à Monsieur De Meesmaeker lorsqu'il agite ses fameux contrats sous le nez de Fantasio, tandis que notre webmaster ressemble davantage à Mademoiselle Jeanne se marrant des fourberies de capon, pardon de scapin ! Heu !

Alexis Vokaer

 

"Mmm, le premier film que j'ai vu devait être un Walt Disney, au cinéma, parce que je n'avais pas la télé à la maison. Je ne sais plus très bien si c'était le Livre de la jungle ou Merlin l'enchanteur, je n'ai pas un souvenir précis sauf que ça m'a mis sur le cul, émerveillé plutôt. Mais en fait, depuis que je suis petit, dès que j'ai un crayon en main je dessine, mais l'idée de l'animation dessinée ne m'est venue que bien plus tard." C'est l'époque où après avoir regardé les images des bandes dessinées (Tintin et Spirou), il les lit puis les dévore. Cependant, paradoxe, il s'attache davantage à dessiner des voitures que des personnages.
Ce n'est que vers l'âge de douze-treize ans qu'il s'y intéresse pour faire taire les remarques de ses proches que son obsession automobile agace. Devinez quel personnage l'inspire ? Gaston Lagaffe ! Si, si. "C'était un personnage bien belge avec un gros nez", précise-t-il en nous confiant qu'il avait beaucoup de mal à dessiner les filles. Ne disposant pas de la télé, le cinéma est un domaine peu fréquenté par Alexis. À l'adolescence, il flashe sur Reservoir Dogs de Quentin Tarantino, moins pour la violence ou le second degré que pour la construction en flash-backs du film. Et Tim Burton ? : "Je l'ai découvert plus tard, je l'aime beaucoup. Surtout l'Étrange Noël de Monsieur Jack et Edward aux mains d'argent." Comme autres références, Alexis nous cite les Monty Python dont il connaît par cœur toute la filmographie et apprécie particulièrement Sacré Graal (Gilliam et Jones les réalisateurs viennent d'y rajouter 24' dans une version qui ressort en salles), la Vie de Brian, le Sens de la vie. "Dans un tout autre ordre d'idées, j'apprécie beaucoup Benoît Poelvoorde tant dans C'est arrivé près de chez vous que dans les Convoyeurs attendent. Le personnage est tellement insupportable qu'on a envie de lui filer des baffes. J'adore !"

 

Au lycée Émile Jacqmain qu'il fréquente pendant sa scolarité, il dessine dans la marge de ses cahiers. Ce qui ne l'empêche pas de terminer ses humanités à dix-sept ans. Il se destine à la bande dessinée lorsque un ami de sa sœur - messager du destin - lui propose de passer l'examen d'entrée de La Cambre. Il le fait sans y croire mais le jury y croit à sa place et l'essai se transforme en réalité. "Au début, j'ai essayé la plasticine mais le rendu n'était pas aussi fluide que je ne le voulais. C'est tout de même différent de cadrer une image en 3D et il faut une bonne lumière pour obtenir un bon rendu, sans compter que certains personnages fondent sous la chaleur des spots après quelques heures. " Retour au dessin traditionnel. En 1998, il réalise Test (1'), un exercice d'animation dans lequel un chat se transforme en de multiples choses à la suite d'expériences scientifiques peu recommandables. Le film fait boucle puisque le chat retombe sur ses pattes ! Suivi de Zwip (1'), "c'est quelqu'un qui veut sortir de chez lui et qui vit dans un rue en pente de 45°. À cause du gel, il glisse, se retrouve la tête en bas et pendant tout le film, il essaie de se relever." Ensuite, c'est Nic-Nac (2'). "Il s'agit des biscuits ronds avec une petite houppette de crème. C'est une histoire assez loufoque. Les nic-nac étant des extra-terrestres qui veulent envahir la terre pour faire des expériences sur les humains. Ça se termine un peu en queue de poisson avec un gros moustachu capturé par les nic-nac qui s'avèrent avoir le crâne vide." Le film passe dans plusieurs festivals (Média 10/10, Bruxelles).

 

Nous arrivons au Prix que l'équipe de Cinérgie à accordé à Non, non, il ne faut pas vendre la peau de l'ours, présenté cette année au Festival du dessin animé, et qui va bénéficier sur Cinergie.be d'un dossier électronique qui risque de vous révéler une fin inattendue ainsi que plein d'autres bonus. Nous vous en parlons par ailleurs. Nous arrêtons là avant qu'Alexis, dont nous voyons la main saisie d'un tremblement aussi irrépressible qu'obsessionnel, ne nous croque en vieux chat barbu 

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