Cinergie.be

Festival d’Annecy : le petit journal

Publié le 05/07/2008 par Katia Bayer / Catégorie: Événement

En juin, les nouvelles tendances, les films et les stars de l’animation sont conviés au Festival International d’Annecy. Après Cannes, l’”acharnée de festivals” s’est rendue à ce 32ème rendez-vous implanté dans “la Venise des Alpes” afin d’attraper un sac rose d’accréditée, d’avaler une fondue (attention, c’est chaud) et de découvrir l’offre mondiale de ce secteur  diversifié, dynamique et productif qu’est le cinéma d’animation.

Le festival

Festival d'Annecy: le petit journalCréé en 1960, bisannuel au départ, puis annuel dès 1998, le Festival International du Cinéma d’Animation d’Annecy (Fifa) en est à sa 32ème édition (9-14 juin). Qui aime les chiffres ? Vous, monsieur ? Alors, sachez qu’il y avait 1.867 films inscrits cette année, que plus de 500 ont été projetés, que la sélection officielle en comptait 284 dont 216 en compétition, qu’il y avait 6.700 professionnels accrédités en provenance de 63 pays (ça a un petit côté « Eurovision » pour le coup) et que 300 journalistes dont « Sac rose » ont couvert l’événement. Et que 3.000 fromages, des comtés pour la plupart, ont nourri tout ce monde. Mais on apprend à l’instant qu’ils (les fromages) n’ont pas souffert. C’est important.

La programmation

Les festivals aiment bien mettre des pays à l’honneur. Cette année, Annecy a choisi de mettre en évidence l’animation indienne. Cela inspira Serge Bromberg, le délégué artistique, qui revêtit pour la circonstance la kurta, la tunique locale, dès le premier jour. Après tout, Annecy n’est-il pas un festival d’animation?!
Outre une conférence et des programmes courts consacrés à l’Inde, la programmation offrit une belle diversité du format bref (courts métrages, films de télévision, films de commande, films de fin d’études et programmes spéciaux) et une quantité intéressante de longs métrages. Neuf films étaient en compétition, douze en hors compétition, et trois en avant-première dont le film d’ouverture, Valse avec Bachir, d’Ari Folman, était en lice pour la Palme d’Or cette année à Cannes. 

Les incontournables

Festival d'Annecy: le petit Journal
Dans la programmation, se trouvaient des films hilarants, dingues, émouvants, surprenants, limites (programmes “Poliquement incorrect”, “Le meilleur du mauvais goût”), mais aussi des programmes incontournables pour les fous d’anim'. Ceux-ci n’auront pas raté Matt Groening, le créateur des Simpson et David Silverman, le réalisateur du film Les Simpson, qui étaient à Annecy en tant que membres de jurys différents (le premier pour les longs métrages, le second pour les films de fin d’études) et pour une séance commune, “Extravaganza”, marquée par les interventions imprévisibles des voix-françaises-off des Simpson. Les copains tout jaunes ont apprécié l’incruste : ils ont également été l’objet d’une exposition de story-boards du film et d’une projection en plein air, sur écran géant, en face du lac Léman et des Alpes.
Autre événement important de ce festival, la double séance animée par des membres des studios Walt Disney et Pixar, avec en exclusivité mondiale, l’avant-première de leurs prochains courts métrages. Chris Williams a présenté son Glago’s guest, un film en 3D mettant en situation un soldat russe solitaire et un invité très spécial. Ce court précédera le canin Bolt, le prochain Disney dont la sortie est annoncée en automne. 
Festival d'Annecy: le petit journal
 
Le procédé du court avant le long est bien connu chez Pixar. Cette année, l’amusement en 3D est offert par Doug Sweetland avec Presto : un lapin, un chapeau, un magicien, une carotte et un public, précéderont les aventures du robot Wall-E prévues pour juillet. Glops ! les festivaliers sont avantagés : c’est la première fois que ces deux courts métrages sont vus hors des studios. Atténuement du Glops ! et entrée du Ouf !  Un rattrapage est possible : Wall-E sort le 30 juillet.
 
Les films belges

En 2007, le festival offrait une carte blanche au Bénélux. À cette occasion, Cinergie avait développé un dossier sur l’animation belge (webzine n°177). Cette année, même sans être à l’honneur, celle-ci avait ses représentants à Annecy. Peur(s) du Noir, film collectif de Christian Hincker (dit Blutch), Charles Burns, Marie Caillou, Pierre Di Sciullo, Lorenzo Mattoti et Ricgard Mc Guire, co-produit par La Parti Production, avait été sélectionné.

Six films de fin d’études figuraient aussi dans la compétition officielle. Du côté francophone, tous étaient liés à la Cambre : Aloïs et Coraline de Quentin Speguel, Le Temps d’Orphée de Constantin Beine, Le Voyageur de Johan Polefoort et Margot de Gerlando Infuso. Du côté flamand, Passe-vite (Ben Verschooris, Bert Dombrecht, Korneel Detailleur) sortait de KASK et Yves de Joost Jansen, de St-Lukas. Parmi les courts métrages hors compétition, se trouvaient Leila de Louise-Marie Colon (Caméra etc) et La Vita Nuova d’Arnaud Demuynck et Christophe Gautry (La Boîte..., Productions, DIGIT Anima). Enfin, Manu Gomez proposait son suggestif Shunga, images du printemps dans le programme “Spicy Animation”.

Encore ? Max & Co, des frères Guillaume, était projeté en plein air et Fly me to the moon, les aventures des mouches en relief imaginées par Ben Stassen, profitaient d’une avant-première. Brendan et le secret de Kells, inspiré par les enluminures du livre de Kells, fit l’objet d’une conférence. Comme le film a été coproduit par l’Irlande, la France et la Belgique, le réalisateur, Tomm Moore, proposa, pour rigoler, une discussion “en gaélique et en flamand”!

L’ambiance

Dans les salles annéciennes, l’ambiance est joyeuse, surtout dans la Grande salle du centre Bonlieu. Beaucoup d’étudiants ont fait le déplacement : ils viennent découvrir les histoires des autres et encourager les films des copains. Avant les projections, des avions en papier survolent le public. S’ils arrivent sur scène, ils sont gratifiés d’applaudissements et s’ils touchent le rideau, c’est la folie. En règle générale, ils atterrissent plutôt sur l’un ou l’autre spectateur qui se débarrasse de ce “bigoudi” importun et lui offre un autre envol.

Le festivalier aime bien faire entendre son opinion par ses applaudissements, son enthousiasme ou ses grognements. Cette année, par exemple, il ne s’est pas gêné pour siffler la nullissime bande-annonce des partenaires du festival, la parodier et réclamer “le lapin”. Après une apparition remarquée dans des bandes-annonces d’années précédentes, le sympathique animal aux dents chouettes est devenu la mascotte du festival. Aucun lien donc avec les pubs Kiss Cool !

Le marché

S’il y a le Fifa, il y a aussi le Mifa. On change une lettre et ça fait Marché International du Film d’Animation. Rien que pour le monsieur de tout à l’heure, cette année, le marché comptait 1.900 professionnels, 300 exposants et pas mal de sucreries, sur les stands, en guise d’appâts. Non, leur nombre n’est pas connu. Oui, il faut être un peu plus consciencieux dans son travail. Pardon.

La clôture

Samedi 14 juin : clôture du festival. La scène de la Grande salle accueille un décor indien digne de figurer à la page 74 d’un catalogue de décoration d’intérieur : bouddhas, tapis indiens, tables basses, paravents en bois, ... C’est chic, c’est solennel, un palmarès : même les avions en papier sont plus timides. Les voix françaises de Homer et Marge Simpson se font entendre : “C’est déjà la soirée de clôture, alors, on va faire la soirée de clôture” et “Veuillez éteindre vos téléphones portables et vos bâtons d’encens”. Serge Bromberg, se pointant en kurta et à dos d’éléphant en bois nommé “Sultan” invite les jurys à faire connaître leurs lauréats. Au terme de la soirée, deux films belges seront cités : Le Voyageur de Johan Polefoort reçoit une mention spéciale et Margot de Gerlando Infuso est doté du Prix du Jury Junior pour un film de fin d'études.

Le retour

Dimanche 15 juin, retour à Paris. Tiens, il y  a du people dans le train : Bruno Salomone et Christophe Alévêque s’achètent des chocolats. Au bout de deux heures de voyage, le TGV s’immobilise à cause d’un problème technique. Il ne peut plus redémarrer et les passagers doivent rester à bord. “La situation paraît définitive pour le moment (!) mais un espace fumeur a été créé vu les circonstances” est-il précisé au micro par un employé de la SNCF. Il ne reste plus qu’à être patient. Où sommes-nous ? Entre Mâcon et Bourg-en-Bresse. Vincent Gilot, prof à la Cambre, ironise face à la situation : « Il va falloir choisir entre le vin et le poulet. On mange ou on boit, mais pas les deux ! ». Dans les wagons, ça s’organise : des M&M’s et des rumeurs circulent, les contacts ayant manqué à Annecy se créent, les croquis remplissent les carnets à spirales, les coups de fil se multiplient. Une passagère, en communication téléphonique avec sa mère, branche le haut-parleur : tout à coup, résonne « vous allez passer par Genève, mes chéris! ». Tiens, la civilisation dit bonjour : apercevant le train, un pêcheur a délaissé sa canne pour s’approcher de la voie ferrée, les poings sur les hanches et le chien à hauteur du genou droit. Après un haussement d’épaules, il repart vers son intérêt initial, le poisson. La civilisation s’éloigne en bottes vertes.


Retrouvez le gros plan de Gerlando Infuso, gagnant du Prix du Jury Junior pour un film de fin d'études, dans ce numéro.

Le site du festival : www.annecy.org
 

Tout à propos de: