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Interview de Julien Henry, réalisateur de Se Crasher pour Exister

Publié le 19/09/2023 par Quentin Moyon , Antoine Phillipart et Vinnie Ky-Maka / Catégorie: Entrevue

Grand, décontracté, souriant, Julien Henry nous accueille dans les locaux de Toast Production en nous proposant un café. Le personnage est chaleureux, et on comprend rapidement en échangeant avec lui, que l’humain est au centre de ses préoccupations.

Parce que si Julien a posé sa caméra sur le circuit de Speedway de Comines-Warneton, c’est un peu par hasard et beaucoup par curiosité sportive et humaniste. En allant voir une course de caravanes - course dans laquelle le principe est d’être le dernier à finir avec sa caravane toujours accrochée à son bolide - Julien s’est plongé dans une communauté accro au crash. Via des portraits photographiques faits au grand-angle (et nécessitant donc une grande proximité avec les modèles), des gopro installées à même les carcasses brinquebalantes s'affrontant sur le ring, il a commencé à tisser des liens réels avec les habitants de la commune. A alors germé en lui le projet de capturer tout cela dans sa caméra. En fiction d’abord, racontant dans Lynx l’histoire de Mary et Tony, deux fans de "bangers" qui, à la suite d’un drame, verront leur couple se déliter. En documentaire ensuite, puisqu’au travers de l’élément déclencheur que fut l’annonce de la potentielle fermeture du speedway, il s’est rapidement rendu compte que la réalité rattrapait la fiction, et que dans la vraie vie aussi, bangers et vie de famille étaient entrelacés. 

Il aura fallu cinq ans d’immersion pour initier un tel projet de documentaire qui nécessitait une confiance absolue entre filmeur et filmés. D'autant plus qu'après la réalisation de Lynx, la grande majorité de la communauté était familiarisée avec le septième art. Armé d’un dispositif assez lourd - difficile de passer inaperçu avec un ingénieur du son et un cadreur en plus de Julien Henry - le cinéaste fait le choix de laisser la caméra tourner non-stop pendant près de vingt-deux jours, répartis sur une durée de un an. 

En découle un film qui regarde avec bienveillance cette communauté, que l’on découvre au travers de leur passion adolescente, où la prise de risque permanente apporte une gloire fugace, mais intense, tout autant que de leur vie de famille, d’adultes. Les deux facettes d’une même pièce, liées par la transmission de génération en génération d’un sport, d’origine britannique, mais largement exporté en Belgique et en Hollande, et d’une passion vouée à disparaître. 

Mais resteront les liens. Entre le réalisateur et ses “acteurs”, puisqu’un projet de long-métrage autour du "banger" (une obsession poindrait-elle ?) est en projet. Mais aussi au sein de la communauté, dont les membres auront l’occasion dans les mois qui viennent de se rassembler une dernière fois au centre de l’anneau courbé du Speedway, pour entendre vrombir les moteurs de leurs véhicules tunés avec amour, lors de la projection du film à Comines-Warneton.

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