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J’ai eu dur ! de Gérald Frydman - Belfilm

Publié le 28/05/2013 par Adèle Cohen / Catégorie: Sortie DVD

Non peut-être !

Le monde du cinéma belge connaît, depuis longtemps, un « zieverer » qui sévit dans le profession, Gérald Frydman, qui non seulement à remporté la Palme d’or au Festival de Cannes de 1984 avec son court métrage d’animation Le Cheval de fer, mais anime également, depuis plus de trente ans, un atelier de formation en cinéma, à Bruxelles, l’asbl l’Atelier Alfred. A voir le site Internet de l’Atelier proposer une version « en français » ou « en  belge », on ne s’étonnera pas du titre de son premier long métrage, réalisé en 1996, J’ai eu dur ! (en belge) ou J’ai éprouvé quelques difficultés (en français).Faut dire qu’en français, ça sonne moins bien…

J’ai eu dur ! de Gérald Frydman - Belfilm

L’asbl bien connue, Belfilm, ressort donc une édition DVD de cette farce 100% belge aux accents sans complexe. Ce n’était certes pas le temps où Bruxelles bruxellais, non, mais c’était pourtant un tout autre temps, un temps où les productions nationales se comptaient, par an, sur les doigts d’une main, où les frères Dardenne n’avaient pas encore rejoint le club très select des palmés, où on se foutait comme d’une guigne du glamour et du star system. Bref, c’était un temps d’avant Magritte (pas le peintre, mais les prix), un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, mais qui n’est pourtant pas si lointain. Depuis, les choses ont bien changé, et l’acronyme DCP (Digital Cinema Package) ou l’expression « tax shelter » sont en passe d’entrer dans le petit Robert … Le vénérable dictionnaire de la langue française, il faut dire qu’on s’en fout pas mal dans J’ai eu dur !, qui mêle, sans se gêner, dialecte bruxellois, accents à couper au couteau, flamand, expressions typiques pas piqués des hannetons… Pour l’histoire, difficile d’en faire un résumé sans donner le tournis. Disons simplement (et pour faire facile !) qu’une bande de « zottekes » ont pris racine dans une pension de famille où l’on joue le soir, pour se distraire, à des jeux de rôles mettant en scène Barbe Rouge et les pensionnaires déguisés en pirates, flibustière et autres marins d’eau douce cherchant à lui voler son trésor. Le capitaine de cet étrange navire, Roger Corremans (Stéphane Steeman) n’est autre que le propriétaire de la pension. A ses côtés, un vieux couple cherchant à fuir un obscur passé, le comte Pavloff, un érudit amoureux d’une aveugle résidant en Suisse, Robert Fournier, grand sportif fasciné par l’Europe et une certaine et mystérieuse Madame de Charmeuil, éveillant les sens masculins de la maisonnée… Mais alors que mamie (la femme de Roger) veille au grain voilà t’y pas que sa fille Antoinette fait un joli syndrome de Stockholm lors d’une prise d’otage. Ajoutons à tout cela un animateur télé enlevé, un flic libidineux (Michel de Warzée), trois gangsters pourvus de trois neurones (en tout), bref, on entre dans le long métrage comme dans un parc d’attraction. En résulte un film biscornu et délirant qui parvient à faire coexister sa galerie de personnages et d’intrigues dans le même tableau.

Finalement, J’ai eu dur ! a le grand avantage d’avoir été tourné à un moment où il était encore possible d’assumer une effronterie puérile, des situations potaches poussées jusqu’à l’absurde et des propos politiquement incorrects. Quand un flic bute un gangster noir (pardon, un homme de couleur) en proclamant haut et fort : « En voilà un qui mangera plus le pain des Belges », c’est très clair, on n’est pas en 2013 !


Bonus

Le pays sans visages – 13’

Le document présente le point de vue de comédiens belges rassemblés pour le tournage du film de Gérald Frydman.

J’ai eu dur ! de Gérald Frydman – 92’ – 1996

Avec : Stéphane Steeman, Alice Toen, Catherine Claeys, Régine Verelle, Monique Fluzin, Jo Rensonnet, Boris Stoikoff, Michel Carcan, Philippe Jeusette, Erico Salamone, Bruce Ellison, Michel de Warzée, Jean Hayet, ...

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